Transition numérique, les 6 questions clés à se poser !

La transition numérique (ou transformation digitale) est sur toutes les lèvres, portée par l’absolue nécessité pour les entreprises de tirer leur épingle du jeu en activant et tirant parti des nouvelles technologies pour créer de la valeur ajoutée et se différencier de ses concurrents.
La crise sanitaire de la COVID-19 ayant amplifié ce sentiment d’urgence de se transformer, le gouvernement français a annoncé en ce début septembre 2020, de nouvelles mesures de soutien pour accompagner la digitalisation des process internes au sein des TPE/PME/ETI et accélérer celle des administrations publiques et des territoires.
Pour autant, aussi vitale soit-elle, cette transition numérique ne s’improvise pas !

Une transition numérique à votre échelle

Votre entreprise, en plus d’évoluer dans un contexte de plus en plus complexe, possède sa propre culture, ses valeurs et même, pour les plus avancées sur le sujet, une raison d’être qui guide ses actions et sert les objectifs stratégiques qu’elle s’est fixée.
L’ampleur et le rythme de la transformation à opérer seront très différents selon votre organisation (TPE, PME, ETI ou grande entreprise) et votre niveau de maturité digitale de départ et déterminera le chemin qu’il vous reste à parcourir pour devenir « digital efficient ». L’important est de savoir concrètement d’où vous partez et où vous souhaitez aller afin d’adapter les moyens à mobiliser, qu’ils soient humains, technologiques ou financiers.
Si vous avez déjà initié votre digitalisation, il est utile et même salvateur de se reposer quelques questions sur ce qui vous a poussé à entamer cette transformation et si celle-ci répond toujours à vos réalités et objectifs actuels. Dans le cas contraire ou si vous ne l’avez pas encore entamée, alors c’est le meilleur moment pour vous poser ces 6 questions clés qui donneront toutes les chances à votre projet de transition numérique de réussir !

6 questions clés à se poser pour réussir votre transition numérique

Q1 – Comment faire la différence sur un marché qui se digitalise ?

Les nouvelles technologies ouvrent un champs des possibles incroyable aux entreprises ! Encore faut-il les utiliser à bon escient, pour optimiser un point fort ou réduire un irritant, comme par exemple :

  • Améliorer l’expérience client
  • Augmenter sa productivité industrielle
  • Améliorer la sécurité des infrastructures et des collaborateurs
  • Personnaliser sa relation clients
  • Optimiser la gestion des candidatures RH
  • Professionnaliser sa veille concurrentielle
  • Diminuer son empreinte carbone,
  • etc.

Mais l’enjeu stratégique de la transformation digitale est de permettre à votre entreprise de réinventer son business model en, certes, capitalisant sur les technologies pour améliorer ses processus et ses parcours, mais aussi en imaginant et en donnant vie à ce qui pourrait être un nouveau modèle économique (NME), porteur de différenciation stratégique sur votre marché.
L’économie de la fonctionnalité (basée sur le modèle de l’usage de produits et services et non de leur propriété) et l’économie collaborative (AirBnB, Blablacar, etc.) sont parmi les NME les plus marquantes de ces dix dernières années et n’ont pu exister et se développer que grâce la désintermédiation et la dématérialisation permises par le digital.

Q2 – Quel est le niveau de maturité digitale de mon entreprise ?

Avant de vous lancer dans une transformation, il est préférable de mesurer votre capacité à intégrer les technologies numériques dans l’ensemble de votre organisation et de vos activités.
On ne parle pas ici seulement de votre capacité technique, de vos infrastructures, mais également du niveau d’appétence et d’acculturation digitale de vos collaborateurs, parfois même de vos partenaires si tout ou partie de votre vivier de talents est externalisée.
Il existe de nombreux outils, gratuits ou payants, pour faire une première auto-évaluation de votre maturité digitale, comme par exemple le digitalomètre de BPI France ou le Diag numérique du MEDEF et vous pouvez bien sûr aller plus loin dans la démarche avec Become consulting.

Q3 – Quels éléments de ma chaîne de valeur digitaliser ?

On me pose encore souvent la question : faut-il mettre du digital partout ? La réponse est non !
Intégrer du digital n’a de sens que si cela apporte une réelle valeur ajoutée aux clients, aux collaborateurs et si cela sert les priorités stratégiques fixées par l’entreprise : quel intérêt d’investir dans un outil de matching de CV pour recruter des talents si vous n’avez pas de difficulté pour recruter les bons profils ? Par contre si votre point faible est le délai de réponse aux clients, vous pourriez peut-être investir dans un chatbot pour augmenter la satisfaction client et traiter les questions les plus fréquentes.
Pour dessiner votre roadmap stratégique de digitalisation et mettre toutes les chances de votre côté, reconstituez les parcours clients et/ou collaborateurs, repérez les endroits de la chaîne de valeur où le digital pourrait apporter une véritable valeur ajoutée, priorisez les chantiers et identifiez les technologies et partenaires qui répondent efficacement à vos objectifs.
Objectif ? ne pas disperser vos efforts, qu’ils soient humains, technologiques ou budgétaires !

Q4 – Mes modes de gouvernance et de travail sont-ils adaptés ?

On aborde encore trop souvent la transformation numérique par les outils et la gestion de projet IT. Or, si les technologies et les méthodes de gestion de projets agiles sont des moyens incontournables pour mener à bien sa transition numérique, la résilience nécessaire aux entreprises pour s’adapter, en temps réel et dans la durée, à leur contexte suppose que l’ensemble de l’organisation soit également en capacité de réagir et décider rapidement.
Et ça tombe bien car il existe de nombreuses alternatives aux organisations de type pyramidales, fonctionnant sur un modèle « command & control » , dont le modèle historique n’est plus du tout adapté au monde VICA : les modes de gouvernance adaptative comme la sociocratie, l’holacratie, offrent des alternatives intéressantes pour réussir votre passage de l’agilité à l’échelle, en créant, de par leurs valeurs de transparence, d’autonomie et de confiance, un environnement favorable au changement et à la transition.

Q5 – De quels acteurs ai-je besoin pour réussir ma transformation digitale ?

S’il est une fonction sur laquelle la transformation digitale doit pouvoir s’appuyer, c’est la Direction des ressources humaines. J’ai largement défendu cette position dans ma thèse de MBADMB en 2019 « La transformation digitale, opportunité pour la DRH de revenir au coeur de la stratégie d’entreprise ? » et cette conviction se renforce au fil de mes rencontres et de mes expériences.
Comme à chaque révolution technologique, les débats fusent sur la capacité créatrice/destructrice de la technologie émergente en termes d’emploi.
Les chiffres les plus souvent cités sont les suivants :

Ces chiffres illustrent clairement l’enjeu pour les DRH de la gestion prédictive des compétences (GPEC) et des Strategic Workforce Planning (SWP) pour assurer l’optimisation et l’alignement des compétences du capital humain avec la réalisation du plan stratégique de l’entreprise : cartographier les compétences existantes, mesurer les écarts avec celles utiles au développement de l’entreprise et s’assurer qu’elles soient présentes, affectées efficacement, et disponibles au bon niveau, au bon moment et à l’endroit souhaité.

L’entreprise de nouvelle génération tend vers un modèle dit « d’entreprise étendue », à savoir ouverte vers de nouvelles collaborations et se nourrit de 3 grandes tendances :

  • Le développement du freelancing, nourri par un besoin grandissant d’indépendance et d’équilibre vie pro/vie perso des nouvelles générations,
  • Le besoin des entreprises de recourir à certaines compétences sur des périodes déterminées, en fonction des projets clients par exemple
  • La nécessité de collaborer activement avec des acteurs externes comme les start-ups voire même avec ses concurrents pour rester compétitif et même parfois tout simplement survivre.

L’entreprise doit donc créer et développer un véritable vivier de talents, interne comme externe, et identifier les partenaires qui lui permettront de tirer son épingle du jeu. Le strategic workforce planning est donc tout autant un outil de compétitivité que de responsabilité sociale pour les entreprises. 

Q6 – Comment accompagner le changement ?

Au delà de la réussite technique d’un projet, le succès d’une transformation numérique passe nécessairement par les aspects humains : l’adhésion des parties prenantes de l’entreprise, en particulier la capacité des collaborateurs à s’approprier et se projeter dans le projet de changement est un facteur clé de réussite.
C’est bien simple, on estime à 60 % le nombre de projets de transformation qui échouent et, pour 70 % d’entre eux, ce serait lié à un manque d’accompagnement au changement !
En donnant du sens à la transformation et en répondant aux questions du type : Pourquoi ce changement ? Qu’est ce que cela va changer au quotidien pour chaque personne impactée ? Comment va-t-on m’aider et me soutenir dans ce changement ? etc., vous mettez toutes les chances de votre côté pour récolter l’adhésion des équipes impactées et engager l’ensemble des collaborateurs concernés.
Nous l’avons abordé dans la question précédente, accompagner le changement, c’est aussi construire une dynamique de gestion des connaissances pour permettre à chacun(e) de se projeter individuellement dans l’entreprise et donc de mesurer les écarts qu’il a à fournir en terme de formation pour progresser vers le nouveau rôle que l’entreprise lui dessine au fil des évolutions de son marché.
Mesurer, cartographier, se projeter, prioriser, aligner, donner du sens, communiquer, donner envie, mobiliser, s’engager, accompagner, collaborer, …voici quelques verbes utiles pour mener à bien votre transition vers un modèle plus agile, plus résilient, plus humain mais aussi forcément plus digital.


#TransformationDigitale#TransfoNum#Changement#ChangeManagement#InnovationSociale#RH#Innovation#NME#Reboot#Transformation#Digitalisation#Digital#Gouvernance#Holacratie#GouvernancePartagée#Leadership#Collaboration#SWP#GPEC

Décentralisation rime-t-elle avec innovation ?

Le sujet de la décentralisation s’observe sur différents champs de réflexion du monde de l’entreprise. Je vous propose d’en aborder certains dans cet article, en lien direct avec les 3 domaines d’expertise de Become consulting : les dimensions technologique, managériale et organisationnelle.

Vers une décentralisation technologique

Au départ d’Internet, un modèle décentralisé, à « l’arrivée » une extrême centralisation

Si Internet était au départ une technologie permettant la décentralisation (son protocole rendait interopérables des systèmes différents sans ordinateur central), force est de constater qu’aujourd’hui, les grands acteurs numériques qui dominent aujourd’hui le Web, à savoir les GAFAM (Google-Apple-Facebook-Amazon-Microsoft) , centralisent chacun une forte concentration de pouvoirs et de valeurs : centralisation des données et capacité à les utiliser et à les monétiser dans un contexte éthique et sécuritaire régulièrement mis en doute, pouvoir de faire la pluie et le beau temps sur les fonctionnalités, les usages et leur renouvellement, etc. , emprisonnant les clients et les partenaires dans un système dont il est difficile de s’échapper.

C’est bien simple, les chiffres concernant les géants du Web en 2020 donnent le tournis en matière de concentration de valeurs et donc de pouvoir sur les marchés :

  • Selon l’Institut Warc, Google et Facebook ont capté 56 % de la publicité numérique mondiale en 2019, un chiffre qui pourrait grimper à 61 % en 2020.
  • Les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), les équivalents chinois des GAFAM, pèsent ensemble environ 1.450 milliards d’euros soit autant que 80 % du CAC40 (1)
  • Les GAFAM ont vu leur capitalisation boursière augmenter à 2 ou 3 chiffres entre 2010 et 2019 en pourcentage.

Malgré tout, cette hégémonie des grands acteurs numériques est de plus en plus mise à mal par les états, les citoyens, à travers les scandales liés aux usages des données privées, les lois antitrust, les mouvements de souveraineté numérique que la crise du COVID19 a amplifié.

Entre la taxe « GAFA » et l’interdiction publiée par décret par Donald Trump d’utiliser les applications chinoises telles que Wechat ou Tik Tok, les tentatives pour freiner la montée en puissance de ces acteurs démontrent bien les craintes et les dérives générées par ce type de concentration de pouvoirs.

Internet, cette technologie qui a bouleversé nos vies, a donc créé une forme d’hyper-centralisation, alimentant jeux de pouvoirs, défiance et sentiments d’insécurité, que ses créateurs n’avaient certainement pas imaginé au départ.

S’appuyant sur les opportunités du numérique, de nouvelles technologies sont venues contrebalancer cette tendance, ouvrant non seulement la porte de nouvelles formes de décentralisation des informations, des responsabilités, des décisions, des transactions, des contrôles, mais également de nouvelles perspectives de business.

La blockchain est l’une des technologies les plus associées aux notions de décentralisation et de désintermédiation. On parle d’ailleurs aussi de « technologie de registres distribués ».

La blockchain, une architecture décentralisée

Blockchain Partner définit la blockchain (chaîne de blocs) comme “Une technologie de stockage et de transmission d’informations à coût minime, sécurisée, transparente, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Par extension, elle désigne une base de données sécurisée et décentralisée, répliquée sur un très grand nombre de noeuds, et contenant un ensemble de transactions dont chacun peut vérifier la validité ».

Parce qu’elle n’est pas toujours facile à appréhender, je vous propose cette vidéo pour comprendre la blockchain et se projeter sur des usages concrets :

Dans un monde VICA où les cartes peuvent être rabattues régulièrement, certains acteurs, historiquement concurrents peuvent être amenés à s’associer, à collaborer pour rester compétitif, voire même survivre. Faire confiance à ses « anciens concurrents » peut être un véritable frein à ces collaborations, aussi louables soient les motivations.

Avec la blockchain, chaque acteur de la chaîne, de par la transparence et la sécurité du système, semble assuré d’une part de ne pas être lésé par les autres et même, de pouvoir être récompensé/rémunéré à la hauteur de sa contribution, de son investissement.

Un bon moyen d’accélérer sur ce que l’on nomme la coopétition et par conséquence, de stimuler l’innovation ? En tout cas, la blockchain pourrait être bien en être le chaînon manquant.

Cette technologie repose finalement sur ses utilisateurs, sur sa communauté et s’appuie sur 4 piliers principaux :

  • La transparence
  • L’autonomie
  • La désintermédiation
  • La sécurité

Certains de ces piliers vous rappellent quelque chose ? Oui ! Les valeurs portées par les nouveaux modèles de gouvernance et de management plébiscités dans la transition des organisations vers un modèle plus agile, plus humain, plus résilient, qu nous aborderons plus loin dans cet article.

L’innovation technologique change-t-elle de mains ?

C’est bien possible ! Selon 66 % des responsables informatiques interrogés lors de l’enquête réalisée par Vandson Bourne pour VMware fin 2016, les lignes de métier prennent de plus en plus le leadership sur l’innovation technologique en entreprise, ce qui permettrait aux organisations françaises de :

  • Lancer plus rapidement de nouveaux produits et services (58 %),
  • Favoriser l’innovation (63 %)
  • Les aider à s’adapter plus efficacement aux conditions du marché (57 %).

Cette passation de pouvoirs aurait en outre des effets positifs sur la satisfaction du personnel (56 %) et la capacité des entreprises à attirer des talents plus qualifiés (56 %).

Vers une décentralisation de l’information et de la connaissance ?

Avec l’avènement d’Internet et des réseaux sociaux, l’information et la connaissance sont disponibles partout et tout le temps et partageables a envi par tout un chacun.

La décentralisation de l’information s’est accélérée, y compris dans les entreprises, retirant de fait à grand nombre d’experts et de managers ce qui leur conférait une certaine forme de pouvoir : la primeur de l’information et le droit de la diffuser (ou pas), quand et à qui ils le souhaitaient.

Aujourd’hui, un collaborateur a donc accès à une quantité potentielle d’informations et de connaissances illimitées, peut échanger avec des experts auxquels il n’aurait certainement pas eu accès sans le numérique, accéder à des formations gratuites (ou pas) sans avoir à demander ou rentrer dans le cadre du plan de formation de son employeur, proposer des idées à son entreprise sans forcément passer par son manager et échanger de pair à pair avec des collègues à l’autre bout du monde grâce à un réseau social interne.

Malgré tout, si l’information est disponible et pléthorique, l’infobésité qu’elle provoque nous amène à réclamer une certaine « recentralisation » de l’information utile. Et pour cela, l’intelligence artificielle et la data visualisation sont des soutiens précieux.

En permettant à chacun d’accéder et partager l’information à son niveau, en rendant accessible la connaissance pour tous, en permettant aux collaborateurs de remonter des idées et de les faire circuler, la décentralisation de l’information alimente la capacité d’innovation des entreprises.

Vers une décentralisation organisationnelle et managériale

Les anciens modèles organisationnels, dits « pyramidaux », ont vécu et ne sont plus adaptés au monde complexe dans lequel nous évoluons désormais, fait de changements permanents et d’incertitude grandissante : considérés comme trop bureaucratiques, ils détruisent de la valeur plus qu’ils n’en créent, en sapant les initiatives et en étouffant la créativité.

Or, obligées de réagir quasiment en temps réel à des événements qu’elles n’avaient pas vu venir, que ce soit l’apparition d’un nouveau concurrent, une nouvelle réglementation restrictive, une fuite des talents stratégique, une technologie disruptive ou une crise sanitaire comme la COVID-19, les organisations s’interrogent de plus en plus sur leur modes de gouvernance dans l’objectif de rendre leurs équipes plus agiles, leur marque employeur plus attractive et leur business plus résilient.

Ajouté à ça les nouvelles attentes des collaborateurs en termes de leadership (« communicate & collaborate » plutôt que « command & control ») et d’organisations du temps de travail, les nouvelles formes de gouvernance basées la confiance, la transversalité (voire l’horizontalité), la transparence, l’autonomie, l’agilité et la collaboration, trouvent un écho particulier ces derniers mois.

Quelques exemples de signes de « décentralisation organisationnelle » :

  • L’entreprise étendue qui fait référence à une organisation qui s’ouvre à des talents et partenaires extérieurs plutôt qu’un modèle basé essentiellement sur des compétences internes. Le freelancing qui semble s’accentuer ces dernières années, porté par de nouvelles attentes générationnelles, accentue ce phénomène.
  • Le télétravail, dont le développement s’est accéléré avec la crise sanitaire de la COVID19 alimente également une forme de décentralisation
  • Les modèles organisationnels en cercle comme l’holacratie qui redistribue les responsabilités et s’appuie sur l’auto-gouvernance, représente une méthode de gestion décentralisée

Par là, nous entendons une décentralisation des responsabilités, la reprise en main par chaque collaborateur de son propre leadership en lieu et place d’une centralisation des décisions dans les seules mains d’un manager.

L’auto-gouvernance, et plus généralement la décentralisation des décisions, permettraient donc de redonner de l’autonomie aux équipes et aux managers de terrain, s’appuyant sur le principe de subsidiarité qui considère que « ceux qui font, savent, et sont en mesure de trouver les solutions adaptées, avec toute la créativité dont ils sont capables ».

« Dans une entreprise autogouvernée, l’initiative du changement est du ressort de toute personne qui en ressent la nécessité. C’est ainsi que la nature fonctionne depuis des millions d’années. L’innovation ne se produit pas au centre, selon un plan, mais sur les marges, quand un organisme capte un changement dans l’environnement et prend des initiatives pour s’adapter de façon appropriée. » Frédéric Laloux – Réinventing organizations

Désormais, soutenues par les technologies digitales, une entreprise peut donc créer de la valeur avec des équipes dispersées sur toute la planète, collaborateurs internes comme partenaires externes, avec de nouveaux enjeux liés à la complexité potentielle du nouveau système « décentralisé » : la gestion des compétences et l’expérience de son « capital humain » :

Nous l’avons évoqué, les organisations bureaucratiques ont une nette tendance à rester concentrées sur elles-mêmes, cultivant le secret, la verticalité, et ne s’ouvrant à des collaborations externes que sous le poids de process paralysants.

Réinventer les organisations pour favoriser la créativité, la collaboration, le partage de connaissances, l’open innovation, devient donc un enjeu stratégique pour les entreprises de nouvelle génération, désireuses de s’inventer de nouveaux modèles économiques (NME) en libérant les initiatives et en s’ouvrant à de nouvelles collaborations.

Mais alors, vers quels modèles se tourner ?

Eternel débat, éternelle réponse : pas de baguette magique ! La tendance, comme souvent, s’oriente vers un Mix entre centralisation et décentralisation, prenant les avantages des uns et des autres et créant un équilibre de fonctionnement adapté aux réalités de l’entreprise.

L’un des facteurs de succès sera de conserver une vision systémique de l’éco-système et de s’assurer que l’ensemble communique et fonctionne sans couture, en particulier lors d’un passage à l’échelle.

Bien sûr, on peut mener des expérimentations de blockchain ou d’holacratie, mais au fur et à mesure que les usages associés se démocratisent et se répandent dans l’entreprise, il est nécessaire de vérifier l’alignement des process, de la culture, des data et des compétences attendues, sous peine de générer de nouvelles contraintes, voire de réelles tensions entre des systèmes qui ne se comprennent pas.

L’important est de trouver sa propre potion magique, celle qui combinera agilité, flexibilité et économie d’échelle et permettra à l’entreprise d’innover pour faire la différence.

La décentralisation semble en tout cas porter les valeurs de l' »entreprise de demain » : transparence, confiance, autonomie, responsabilisation, collaboration.

#Collaboration #FutureOfWork #FuturDuTravail #Coopétition #Blockchain #TransfoNum #TransformationDigitale #Désintermédiation #VUCA #VICA #Dématérialisation #Autonomie #Empowerment #Autogouvernance #Cryptomonnaie #Bitcoin #Teal #Leadership #Holacratie #Holacracy #Gouvernance #Innocation #OpenInnovation

Le LIFI, une idée lumineuse ?

A l’heure où l’excellence de l’expérience client et le management de la connaissance amènent les entreprises à redoubler d’efforts sur le dernier kilomètre (et même sur le dernier mètre), le #LIFI me paraît être une alternative de taille, en tout cas dans un premier temps en complément des technologies comme la 5G, qui ne cessent de faire débat ces dernières années.

J’ai découvert le LIFI et son potentiel au sein du Groupe Latécoère que j’ai accompagné pendant près de deux ans sur des projets de digitalisation RH.

Acteur aéronautique majeur, cette ETI de dimension internationale a entrepris, dans le cadre de son ambitieux programme d’innovation, de révolutionner l’expérience passager en intégrant le LIFI dans les cabines des avions, ouvrant ainsi la voie d’une plus grande connectivité à bord, que ce soit pour les passagers ou le personnel de bord.


Un premier test en situation réelle a d’ailleurs été réalisé le 30 octobre 2019 à bord d’un Airbus A321, en partenariat avec Air France et Ubisoft, à l’occasion de la finale du « Air France Trackmania Cup » pendant laquelle les gamers finalistes se sont affrontés en plein vol Paris/Toulouse .

Cette technologie m’a tout de suite paru ouvrir des opportunités incroyables pour cette entreprise et le domaine aéronautique, d’une part, mais aussi pour de nombreux autres secteurs d’activité pour lesquels des usages restent à inventer et à démocratiser.

Je vous propose donc de (re)découvrir cette technologie, ses applications, son potentiel.

Qu’est-ce que le LIFI ?

Grâce au Lifi, pour « Light Fidelity » (Haute fidélité), vos ampoules LED, en plus de de durer 10 fois plus longtemps que vos ampoules traditionnelles, permettent d’utiliser la lumière artificielle pour se connecter à Internet, sans fil, et donc d’échanger des données à une vitesse, qui en 2015, était déjà de 100 fois supérieure au Wifi.

Et, cerise sur le gâteau, sans ondes électromagnétiques !

Source : Orange

La vidéo ci-dessus nous donne un aperçu rapide mais clair du potentiel de cette technologie en terme d’expérience clients et nous annonce à l’époque (2017) une arrivée du LIFI dans le grand public en 2018. Or, à l’heure où j’écris ces lignes, peu (voire aucun) d’entre nous n’a pour le moment eu l’occasion de rencontrer concrètement le LIFI dans son parcours client ou collaborateur (Et si vous l’avez rencontré, merci de partager votre expérience en commentaire ;))

Voyons les avantages et inconvénients de cette technologie et quelques exemples d’usages, même si le champs des possibles est immense.

Des avantages certains

Outre sa participation potentielle à la réduction de l’empreinte du numérique sur les enjeux écologiques, en réduisant le bilan énergétique due à la transmission des datas, la liste des avantages annoncés du LIFI peut laisser dubitatif quant à la lenteur de son développement dans notre quotidien professionnel et personnel, entre autres :

  • Plus rapide : de 10 à 100 fois au moins plus rapide que le Wifi. Les chercheurs du CEA-Leti ont même très récemment réalisé un démonstrateur capable d’atteindre un débit de transmission 7 fois plus rapide que la 5G, une 1ère mondiale !
  • Moins de risque de saturation des réseaux en bout de chaîne : le nombre de personnes pouvant se connecter en même temps au réseau sans dégrader la qualité de connexion est a priori 10 000 fois plus élevé
  • Plus sécurisé : les risques de piratage sont moindre du fait de la courte portée des ondes lumineuses (il ne traverse pas les murs)
  • Moins cher et donc plus accessible pour tous
  • Plus adapté à certains environnements pour lesquels le #WIFI était inadapté, risqué, voire impossible
  • Moins nocif car le LIFI n’émet pas d’ondes électromagnétiques, c’est donc une alternative pour les personnes électrosensibles

Un énorme potentiel

Un potentiel en termes d’usages

Si l’on décline l’usage déjà abordé plus haut dans le cas de Latécoère, à savoir l’expérience passager dans un avion, on peut bien-sûr imaginer toutes les déclinaisons dans les autres modes de transport comme les bus, les trains, le métro, les bateaux et même votre véhicule personnel.

Tous les lieux publics sont désormais des terrains de jeux pour cette technologie, promesse d’une expérience client fluide et augmentée, ouvrant le champs d’usages incroyables : imaginez le potentiel dans les écoles, les musées, les foires et salons, les salles de spectacles, les gares et aéroports, les centres commerciaux, les cafés-restaurants, mais aussi les hôpitaux et les lieux souterrains jusqu’ici privés d’une connectivité efficace.

Les entreprises ne manqueraient pas non plus de trouver les usages et avantages liés au LIFI comme développer les usages de l’Internet des Objets (IoT), notamment dans leurs lieux de production ou encore pour enrichir l’excellence de leurs expériences candidats et collaborateurs, au service d’un bien-être individuel et d’une performance collective.

Quant aux espaces privés, en plus de bénéficier d’une connexion ultra-rapide, sécurisée, neutre pour la santé et n’étant pas dépendante de la couverture d’un opérateur, il vous est possible d’ultra-personnaliser la couverture du LIFI, dans une chambre ou un bureau par exemple, et même dans votre cave ou votre sous-sol !

Quand on pense aux champs des possibles en termes d’applications et d’usages, aux contraintes levées et aux effets potentiellement positifs sur l’empreinte écologique du LIFI sur l’environnement, on peut se demander ce qu’attendent les constructeurs de terminaux mobiles pour s’y mettre réellement et démocratiser le système ?

L’illustration ci-dessous de Yole Développement et Piseo résume quelques applications majeures du LIFI :

Un potentiel économique

Les acteurs de l’écosystème industriel du LIFI sont également représentés sur l’infographie ci-dessous, datant d’octobre 2018

Nul doute que cet écosystème s’étoffera quand on considère le scénario du potentiel de développement du marché du LIFI à travers les infographies/schéma ci-dessous :

…..Mais qui peine à émerger concrètement

Plusieurs initiatives ont bien sûr déjà vu le jour ces dernières années, que ce soit en termes de création produits ou d’usages, dont voici quelques exemples :

  • Au CES 2018 de Las Vegas, la société Oledcomm avait notamment présenté sa lampe de bureau MyLifi
  • En 2016, la ville de Palaiseau (91) a également testé le LIFI sur 77 lampadaires du quartier Camille-Claudel pour fournir des informations locales et des indications sur les performances de l’un de ses quartiers, Camille-Claudel, en association avec EDF et Oledcomm
  • Le Musée de la carte à jouer d’ Issy les Moulineaux utilise déjà le LIFI depuis 2018 pour optimiser l’expérience de ses visiteurs, avec par exemple le déclenchement de vidéos dans les guides de visites proposés sur tablettes

Quelques limites

La première limite à prendre en compte semble être sa zone de couverture puisque, si elle a quelques vertus en terme de sécurité et d’hyper-localisation des informations, le revers de la médaille est que la connexion Li-Fi n’est opérationnelle que dans la limite du cône de lumière que projette l’éclairage. S’éloigner de la lumière c’est donc renoncer à sa connexion.

Vient ensuite le coût lié à l’équipement en LEDs. Bien que depuis 2008, le prix des ampoules à LED ai baissé de 85 %, et, même si le LIFI semble porteur de fortes d’économies à termes, ce remplacement massif reste un investissement de départ assez important, en particulier pour les entreprises et les lieux collectifs.

C’est bien connu, dès que l’on parle sécurité des données, on trouve toujours des petits malins pour chercher (et trouver) une faille : c’est ce à quoi se sont attachés des scientifiques israéliens qui, en juin 2020, on démontré qu’il était possible d’écouter et de décoder les sons venus d’une pièce en observant les vibrations émises par l’ampoule qui pendait au plafond.

Dans leur étude, les chercheurs expliquent :

« Les fluctuations de la pression atmosphérique à la surface de l’ampoule suspendue (en réponse au son), qui font que l’ampoule vibre très légèrement, peuvent être exploitées par la technique d’écoute pour récupérer la parole et le chant, de manière passive, externe et en temps réel ».

Reste que le potentiel du LIFI ouvre un champs des possibles incoyable et que pour lui permettre réellement de s’envoler, il est véritablement nécessaire que les constructeurs de terminaux mobiles (smartphones, ordinateurs, tablettes) intègrent un composant adapté à leurs appareils. Or, la plupart d’entre eux ont et semblent continuer de mettre une priorité sur la 5G.

Huawei a, il est vrai, annoncé vouloir l’utiliser en complément de la 5G, en particulier dans le domaine hospitalier en mars 2020.

Réduction de l’empreinte numérique sur l’environnement, optimisation de l’accès à Internet pour tous, réduction du coût et des effets potentiellement néfastes pour la santé au regard du WIFI, ultra-géolocalisation du débit dans un espace dédié, il est plus que temps de passer à la vitesse de la lumière !

#LIFI #TransfoNum #Connectivité #ExperienceClient #Numérique #Digital #TransformationDigitale #ExperiencePassager #LED #Internet #ExpérienceCollaborateur #Lumière #Innovation #Aéronautique #Numérique #TransformationNumérique #TransformationDigitale

Sources pour aller plus loin :

https://siecledigital.fr/2020/06/16/espionnage-ecoute-lampe-led-vibrations/

https://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-huawei-met-le-lifi-en-lumiere-a-l-hopital-78337.html 40 vues10

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Transformation des entreprises : quels nouveaux rôles pour les DRH ?

Dans un contexte de transformation devenue nécessaire pour nombre d’entreprises traditionnelles, l’ampleur du chantier peut paraître difficile, voire insurmontable, d’autant plus quand les habitudes, les process sont installés depuis plusieurs décennies : Par où commencer ? Quelles cibles prioritaires adresser ?  Quelles ressources mettre en face ?

Or, même si elle ne peut bien sûr pas porter cette transformation seule, la DRH a toutes les cartes en main et la légitimité nécessaire pour impulser et accompagner la transformation, notamment digitale, sur toute la chaîne de valeurs de l’organisation, si tant est qu’elle adopte une nouvelle posture, celle d’une entité en capacité, d’une part, de se transformer elle-même et, d’autre part, de mettre en place le contexte et les conditions nécessaires à la transformation, à sa compréhension et à son adhésion par l’ensemble des collaborateurs.

Donner un cap pour donner du sens 

Se fixer et donner un cap c’est se donner la possibilité de prendre des décisions et de pouvoir ensuite les expliquer, d’envisager de changer de route, de stratégie si les événements le nécessitent. La vision ainsi partagée avec les parties prenantes permet de pouvoir capitaliser et s’enrichir de ses échecs et de s’adapter en continu. Il est donc primordial de structurer et formaliser une stratégie en impliquant les personnes qui interviendront dans le déroulé du plan d’actions.

Il s’agit donc ici de construire une vision très précise et compréhensible par toutes les parties prenantes, en particulier les collaborateurs. Où va l’entreprise ? Quels sont ses objectifs en termes de business model, de stratégie commerciale, de politique humaine ? Quelles échéances s’est-elle fixées et quelles sont les étapes par lesquelles elle devra passer ? Quel rôle et quel(s) impact(s) positif(s) souhaite t’elle jouer et avoir dans ce nouveau monde ? Comment chacun sera impliqué dans le processus de transformation et comment l’entreprise va pouvoir l’aider à la fois à comprendre et à traverser cette transformation dont on sait très bien que le niveau d’acceptation et d’appropriation sera dépendant de chaque individu et de sa capacité à accepter le changement.

Chaque salarié aura sa façon de ressentir, d’interpréter et de s’approprier (ou pas) la culture de l’entreprise et ses valeurs. L’entreprise doit donc désormais, non plus seulement communiquer sur cette vision, mais s’assurer que chaque collaborateur, interne comme externe, y aura accès, la comprendra, se l’appropriera et si ce n’est pas le cas, pourra questionner l’organisation sur ses points de doute, et se sentira donc à la finale un acteur potentiel du projet d’entreprise. 

Donner du sens pour donner envie

Les collaborateurs sont de plus en plus en quête de sens, non seulement en ce qui concerne leurs missions mais aussi celles que l’entreprise s’est fixées : quelle est la finalité de l’entreprise, comment ses activités impactent positivement le monde, l’environnement, les êtres humains, etc. ?

Et cette quête de sens est l’un des moteurs de l’engagement des collaborateurs dans l’entreprise, particulièrement des nouvelles générations. L’entreprise doit donc impérativement faire comprendre cette vision et faire en sorte que chacun des collaborateurs se l’approprie et y voit un sens et une valeur ajoutée pour lui-même, que ce soit à titre individuel ou dans le cadre d’une communauté d’intérêts communs.

L’entreprise a donc un fort enjeu de communication, notamment interne. Avec les technologies digitales, elle a désormais toute la boîte à outils à disposition et doit être en mesure de faire passer les messages de l’entreprise tout en s’adressant à chacun de manière personnalisée. 

Pour cela, le marketing RH est une des solutions qui me parait efficace. Totalement inspirée de méthodes marketing clients, le marketing RH a cet avantage qu’il permet d’avoir une communication de masse tout en permettant une ultra-personnalisation. Pourquoi envoyer une communication RH sur de nouveaux dispositifs de retraite interne à tous les collaborateurs alors qu’avec les évolutions constantes des réglementations et conventions collectives, seuls les collaborateurs de plus de 55 ans au moment de l’information seraient a priori concernés par le dispositif ? A l’heure de l’infobésité, il me semble incohérent et extrêmement inefficace de communiquer l’ensemble des informations à tous, qui plus est au même moment.

L’une des tendances intéressantes appliquées notamment sur la mobilité est par exemple la mise à disposition d’informations publicitaires sur Waze au moment où les conducteurs sont en arrêt à un feu rouge ou un stop par exemple. Ce dispositif se cale sur le temps d’attention disponible du conducteur pour lui communiquer une information. Pourquoi ne pas appliquer cette méthode sur la communication interne et profiter des heures d’inactivité des salariés pour afficher des informations utiles, au retour de la pause café ou déjeuner par exemple ?

L’important dans cette pratique, notamment en terme d’éthique, est, comme pour le marketing clients, de laisser le choix une certaine autonomie décisionnelle au collaborateur. 

Un autre moyen de diffuser et surtout de rendre virales ces informations est à mon sens le Réseau Social d’Entreprise (RSE). L’idée n’est donc pas ici de diffuser de façon descendante l’information mais d’inciter les collaborateurs, par des dispositifs de participation, à partager leurs actions, leurs idées en lien avec la transformation et la vie de l’entreprise. Par exemple, si l’une des valeurs accompagnant la vision de votre entreprise est la solidarité, alors inviter les collaborateurs à partager leurs initiatives solidaires individuelles ou collectives sur le réseau social permettra de donner, non seulement un côté émotionnel à cette valeur mais apportera également une preuve de l’alignement entre le vécu des collaborateurs au quotidien et les valeurs affichées par l’entreprise.

De la même façon si l’innovation est l’un des moteurs de l’entreprise, alors partager les idées, les innovations, organiser des concours en ligne sur le réseau social permettra de démontrer que l’innovation est une réalité de l’entreprise.

La vision et les valeurs ne seront plus dans cet exemple, portées par l’entreprise, mais incarnées par les collaborateurs eux-mêmes. 

Donner les moyens aux collaborateurs 

Soyez agiles ! Collaborez ! Soyez performants ! Voilà des injonctions absolument inutiles si l’entreprise ne met pas à disposition des collaborateurs le cadre, les outils et les process qui leur permettront de progresser en ce sens. On l’a vu, les collaborateurs ont de plus en plus d’exigences vis à vis de leur(s) employeur(s) et souhaitent pouvoir maitriser le lieu et le temps de travail dans un objectif de bien être personnel, d’équilibre vie pro/vie perso.

Il convient donc pour les DRH de construire le cadre qui aidera les collaborateurs à s’épanouir dans la transformation et le changement :

1) Un cadre et un environnement de travail sécurisant et rassurant 

Vivre et travailler dans un monde de changement permanent peut provoquer de forts sentiments d’insécurité chez les collaborateurs. Entre peur de perdre son emploi, de ne pas être à la hauteur de la mission ou des enjeux, de voir son rôle remis en question par la nouvelle génération, va devoir créer un cadre de travail qui permette de rassurer l’ensemble des équipes face à cette transformation. Et ça commence par la culture d’entreprise.

La culture d’entreprise

Il est difficile de définir ce qu’est la culture d’entreprise mais Wikipedia la définit comme “L’ensemble des connaissances, des valeurs et des comportements qui facilitent le fonctionnement d’une entreprise en étant partagé par la plupart de ses membres.” On retrouve ici la notion de communautés avec tous ses avantages :

  • La fierté d’appartenance à un groupe
  • Le soutien, l’entraide
  • Le partage d’informations et de connaissances
  • La bienveillance

Instaurer une culture partagée par tous et créer cet esprit de communauté permettra de cultiver naturellement ces valeurs et d’instaurer un climat de confiance, naturellement vecteur d’engagement dans l’entreprise.

Mais bien sûr, la culture ne se décrète pas ! L’entreprise doit donc mettre en oeuvre tout une série de dispositifs apportant la preuve de sa volonté d’instaurer un climat de sécurité et de bienveillance à tous les niveaux de l’organisation. 

Au niveau du management par exemple, il paraît fondamental, pour créer ce climat de sécurité et de bienveillance, de mettre en place des actions comme le droit à l’erreur et le feed-back régulier.

Le droit à l’erreur  

Le droit à l’erreur est une notion relativement récente dans les entreprises françaises où on a longtemps fustigé les collaborateurs qui faisaient des erreurs et valorisé ceux qui avaient des succès. Or, “tout ce qui n’est pas parfait est perfectible” et faire des erreurs et donc une source d’amélioration, voire d’innovation. Ne dit-on pas d’ailleurs que “l’erreur est humaine” ?

Cette vérité posée, l’entreprise doit donc, non pas sanctionner l’erreur mais mettre en oeuvre toutes les actions qui vont permettre au collaborateur, d’une part d’accepter et de ne pas culpabiliser face à cette erreur et, d’autre part, de rebondir et d’en faire  opportunité nouvelle de s’améliorer. 

C’est notamment le principe du “test & learn”, qui consiste à mettre en place des projets  et de mesurer rapidement leur efficacité afin d’en évaluer la pertinence. Les risques sont ainsi anticipés et mesurés au fil du projet et les budgets mieux contrôlés. Des méthodes comme le “design thinking” sont des outils efficaces dans ce type de démarche par itération, centré sur l’innovation et résolution des pain points.

L’accompagnement au changement (change management)

Le changement fait peur et face au digital, les collaborateurs ont trois craintes principales, parfaitement décrites par le schéma du Hub Institute ci-dessous :

Les 3 peurs face à la transformation digitale – @HubInstitute

Trop souvent, les transformations digitales des entreprises échouent par manque d’accompagnement des collaborateurs. C’est ce que démontre le 3ème baromètre Digital Workplace du Cabinet de conseil Julhiet Sterwen, conduit fin 2018 par l’IFOP : 55% des personnes interrogées en 2018 (vs 47% en 2017) souhaiteraient plus d’accompagnement dans la transformation. Et ce sentiment a fortement augmenté chez les managers (51% en 2018 vs 39% en 2017) qui, pour leur part, considèrent que le principal frein à transformation est la résistance au changement de leurs équipes. Plus étonnant, ce sentiment de manque en change management est aussi partagé par 47 % des Millenials. 

Cet accompagnement, les collaborateurs le souhaitent individualisé, à savoir adapté à leur niveau de compétences, aux spécificités de leur métier. On parlait précédemment de marketing ultra-personnalisé, voilà la DRH désormais confrontée à la nécessité de mettre en place l’hyperpersonnalisation du programme de change management.

Pour mesurer les besoins et adapter son programme de “change management”, la DRH aurait tout intérêt à mettre en place un diagnostic de maturité digitale de ses collaborateurs, en définir des cibles à adresser, au même titre qu’elle crée des personae pour dans sa démarche marketing. 

Chaque cible fera ensuite l’objet d’un programme d’accompagnement spécifique selon son profil et les critères le définissant pouvant être par exemple le niveau de maturité, le métier, la catégorie d’âge, etc.). 

Une attention particulière doit être portée aux managers qui voient leur rôle souvent bouleversé par l’horizontalisation des organisations, les nouveaux usages collaboratifs, la libéralisation de la communication et qui, bien accompagnés,  pourraient voir, à travers la transformation digitale une opportunité plutôt qu’un risque. 

Ils étaient d’ailleurs 58 % fin 2018 à considérer que leur rôle a évolué avec le digital selon le Cabinet Julhiet Sterwen, les faisant passer de manager “control and command” au manager “coach” avec notamment la favorisation des échanges transversaux et l’aide et l’accompagnement des collaborateurs. 

Baromètre Digital Workplace 2018 – Une dimension de « manager coach qui commence
à s’affirmer » – Julhiet Sterwen

Pour que les managers puissent effectivement s’affirmer dans ce rôle, il est vital de les accompagner en priorité. D’une part pour leur donner les moyens de comprendre et d’absorber ces changements et d’autre part pour qu’ils puissent se sentir suffisamment en capacité d’accompagner leurs équipes ; car on l’a vu précédemment, les diplômes, l’ancienneté ne sont plus des critères suffisants pour être un bon manager auprès des nouvelles générations, la légitimité est un facteur déterminant du leadership. 

Le droit à la déconnexion

Toujours selon ce baromètre,  61 % des collaborateurs considèrent que le digital augmente leur charge de travail. 

L’ultra-connexion notamment est un véritable fléau pour les salariés. C’est en tout cas ce que révèle l’étude d’ELEAS sur l’impact des Outils numériques Professionnels (ONP) publiée en novembre 2018 : entre infobésité et débordement des sollicitations numériques dans la vie privée, l’ultra connexion est un véritable enjeu de santé au travail et les DRH doivent s’en préoccuper (cf. annexe 7 – L’impact des outils numériques professionnels sur les salariés)

2) Un cadre et un environnement de travail stimulant  

Il s’agit ici d’instaurer une culture de l’innovation et développer l’esprit entrepreneurial. Et s’améliorer, progresser, innover, c’est ce qu’attendent les collaborateurs lorsqu’ils intègrent une entreprise et c’est également un enjeu de survie pour l’entreprise sur des marchés ultra concurrentiels. 

Il faut donc faciliter l’intégration de l’innovation à 2 niveaux :

  • Animer l’innovation en sensibilisant  les acteurs sur la veille, le benchmark
  • Se demander comment on intègre les technologies digitales partout dans l’entreprise en veillant bien aux deux types d’innovation à savoir l’innovation de rupture et l’innovation de « re-use » (utilisation d’une innovation existante dans d’autres services )

Comme nous l’avons vu précédemment, donner un cadre de travail stimulant, développer l’innovation et l’intrapreneuriat doit aussi s’accompagner d’un cadre permettant aux collaborateurs qui tentent, qui innovent, qui prennent des risques de ne pas se sentir “en danger” ou “en faute”, si leurs initiatives n’aboutissent pas ou pas assez vite. 

Une fois cet espace de sécurité ou d’accompagnement en place, l’entreprise doit mettre en oeuvre les démarches de libéralisation des initiatives innovantes, en utilisant tout ou partie des outils à disposition :

  • La veille et le benchmark : la veille, véritable outil au service de l’innovation, n’est pas l’apanage des dirigeants ou de quelques experts, elle est l’affaire de tous. Cultiver l’esprit de veille dans l’entreprise permettra d’assurer une culture générale ou sectorielle permettant à chacun de comprendre le contexte dans lequel il évolue : dynamique concurrentielle, nouveaux acteurs, évolution des réglementations, activités des clients, etc. Il est aujourd’hui extrêmement facile d’organiser de la curation de contenus utiles et de la diffuser au sein de l’entreprise, gratuitement, notamment grâce aux réseaux sociaux et à quelques hashtags soigneusement sélectionnés. Apprendre aux collaborateurs à organiser leur propre veille est certainement une piste à creuser en terme de change management
  • Les concours d’innovations internes : De plus en plus d’entreprise organisent des concours internes d’innovations. De la traditionnelle boîte à idées aux grands concours d’innovations avec financements des projets gagnants  à la clé, ces initiatives, outre qu’elles permettent aux heureux gagnants de tester leurs projets, apportent un dynamisme collectif dans l’entreprise favorable au développement de la prise d’initiatives et au développement de l’engagement. Ce type d’initiative nécessite malgré tout un cadre, un budget et un climat de confiance réciproque.
  • Les programmes d’intrapreneuriat : un intrapreneur est un salarié qui mène, pour le compte de son organisation, un ou plusieurs projet(s) d’innovation indépendamment de ses activités salariales habituelles. Google autorise par exemple depuis plusieurs années ses employés à consacrer un jour par semaine à un projet autre que celui de leur mission habituelle dans l’entreprise. De la même façon, des entreprises comme Leroy Merlin ont par exemple instauré “la journée de développement” qui permet à l’ensemble des collaborateurs de sortir de l’entreprise pour découvrir d’autres activités, des concurrents, des institutions, des nouvelles  technologies, etc. . Rémunérées et défrayées jusqu’à un certain montant, ces journées font ensuite l’objet d’un partage sur une application dédiée à cet effet afin que toute l’entreprise puisse en bénéficier. La culture du benchmark s’étend dans l’entreprise et l’intelligence collective s’en trouve nourrie.

Selon une étude du Cabinet Deloitte (2017), 37% des entreprises françaises auraient initié une démarche d’intrapreneuriat et 12% des salariés auraient déjà tenté l’expérience. Et parmi eux, 90 % sont prêts à recommencer, preuve que l’aventure leur a été bénéfique puisqu’ils sont 66 % à indiquer que leurs projets ont abouti sur de véritables réalisations ! L’étude révèle également que 74% des salariés interrogés sont prêts à se lancer dans l’intrapreneuriat.

D’après l’étude, ces projets concernent les domaines d’innovations  suivants : 

  • le lancement d’un nouveau produit (41%),
  • l’amélioration d’un produit ou d’un service (22%),
  • le développement d’une nouvelle technologie (18%),
  • l’optimisation de l’organisation (18%).

L’infographie ci-dessous complète la vision de l’intrapreneuriat de cette étude Deloitte.

Ces initiatives répondent au désir des salariés de travailler dans une entreprise qui leur permette de se réaliser et sont d’excellents leviers de croissance. A noter que 2/3 des répondants de cette étude ont affirmé être attirés par les entreprises proposant un programme d’intrapreneuriat, ce qui n’est pas anodin dans un contexte accru de guerre des talents. 

Alliant esprit entrepreneurial et une certaine sécurité de travail, il permet aux collaborateurs de démarrer un projet, tester un produit, en limitant les risques financiers, ce qui semble être une alternative intéressante aux jeunes générations, en recherche d’autonomie et de culture de l’innovation.  

Nous l’avons vu également plus haut, c’est une belle occasion pour le collaborateur, d’une part, d’émerger individuellement dans l’entreprise (d’autant plus s’il était jusqu’à présent “noyé” dans une organisation) et, d’autre part, de rejoindre une communauté différente de ses collègues habituels, par exemple une communauté d’experts, d’autres intrapreneurs internes et externes, des patrons de start-up, etc.  

Pour l’entreprise, outre le développement de l’esprit entrepreneurial de ses équipes et donc des compétences associées comme l’esprit d’initiative, la prise de risques, la force de conviction, la pugnacité…c’est également un moyen de limiter l’attrition des collaborateurs. 

Mais qui dit intrapreneuriat dit aussi risques ; aussi, afin de les minimiser et de permettre aux collaborateurs de se lancer dans un cadre plus sécurisant que l’entrepreneuriat externe, de nombreuses entreprises ont ainsi mis en place des dispositifs de départ volontaire pour création d’entreprise qui prévoient par exemple un retour dans l’entreprise en cas d’échec. 

L‘open innovation

L’open innovation est également un excellent moyen pour l’entreprise de s’ouvrir aux capacités de créations et d’’innovations externes. Ne plus rester fermée sur elle-même mais s’ouvrir aux acteurs externes, notamment les start up dont l’agilité permet une forte et rapide capacité d’innovation. S’enrichir d’autres points de vue, pour ne pas regarder les choses toujours du même œil et se donner des chances supplémentaires d’ouvrir de nouveaux territoires de croissance.

En interne, les bénéfices peuvent également être perçus au niveau de la communication et de la fédération des équipes. En effet, l’open innovation rassemble de nombreuses parties prenantes au sein de projets transversaux, ce qui peut permettre d’améliorer l’agilité organisationnelle de l’entreprise qui la met en place. 

Outre l’impulsion et la facilitation des projets d’innovation et d’entrepreneuriat, le cadre et les conditions de travail sont des éléments importants dans le processus de créativité. En effet, les conditions de travail peuvent favoriser la créativité et l’innovation des salariés.

3) Un cadre, une culture et des outils de travail qui encouragent la collaboration et le partage

Les notions de temps et d’espace tendent à exploser dans cet environnement de travail en pleine polarisation et, même si le télétravail, la mobilité, sont des situations de travail attendues par les collaborateurs, elles renforcent la nécessité de mettre en oeuvre les conditions (culture, outils et process) qui vont permettre aux acteurs de continuer à travailler ensemble efficacement. Les managers se retrouvent effectivement à manager des équipes de cultures différentes, avec des attentes différentes, géographiquement dispersées, contractuellement liés de manière diverses avec l’entreprise. Drôle d’équation à résoudre !

De nombreuses plateformes collaboratives existent aujourd’hui qui permettent aux entreprises, en fonction de leur taille, de leur présence internationale, de leurs besoins en sécurité, de donner les moyens à leurs collaborateurs et leur écosystème de communiquer plus rapidement, plus efficacement, et de façon plus transversale. La part des dispositifs riches, à savoir des plateformes intégrant à la fois de l’information/communication, des outils collaboratifs et des fonctions sociales est d’ailleurs passé de 31 % à 56 % de 2017 à 2019 selon l’Observatoire Intranet & Digital Working 2019

Dans les bureaux modernes, tout est conçu et configuré pour pouvoir échanger et partager facilement des documents de travail en utilisant la technologie. L’ensemble des locaux est ainsi équipé pour tous les types d’usage (appareils mobiles, imprimantes, systèmes de visioconférence, objets connectés…). La technologie est véritablement mise au service de la productivité et de l’humain.

Mais le défi de la collaboration n’est évidemment pas que technologique, il est aussi et surtout culturel ! Car collaborer n’est pas si naturel que ça.

Pourtant, développer et s’appuyer sur la collaboration est l’une des clés de l’accélération et donc de la réussite des projets de transformation. Parce que ces collaborations qu’il faut faciliter sont multiples et diverses :

  • La collaboration entre les services de l’entreprise : DSI et RH, RH et Direction administrative et financière (DAF), marketing et production, etc.
  • La collaboration entre les générations, comme vu précédemment,
  • La collaboration Homme-machine, plus que jamais d’actualité avec l’IA et l’automatisation,
  • La collaboration avec l’écosystème de l’entreprise (clients, startups, système éducatif, etc.), notamment avec l’open innovation.

La DRH doit donc mettre en place une organisation qui permette et facilite la diffusion d’une culture de la collaboration et, au regard de tous les bouleversements en cours, il est évident que les structures hiérarchiques traditionnelles ne sont plus adaptées. 

4) Une gestion proactive et prédictive des compétences

Avec la pénurie des talents et l’obsolescence accélérée des compétences, la DRH doit non seulement avoir une vision précise des compétences disponibles en temps réel dans son entreprise mais également  être en mesure de les faire évoluer en un temps record et de les rendre disponibles au moment où les métiers en ont besoin.

Connecter les bonnes ressources au bon moment ! Voilà l’enjeu des DRH dans ce monde VUCA, avec deux objectifs :

  • aligner les compétences utiles avec les besoins des métiers pour satisfaire les clients et gagner en avantage concurrentiel 
  • fidéliser les collaborateurs et renforcer leur engagement en leur proposer des projets et des missions qui conviennent à leurs aspirations. 

Pour être efficace, la DRH a plusieurs outils à sa disposition : la mise en place d’une  planification stratégique des ressources humaines (ou “Strategic Workforce Planning”) associée à un outil de gestion prédictive des compétences permettra d’avoir à la fois une vision précise de l’existant et de mesurer les écarts entre le niveau de compétences attendues et celles détenues par les collaborateurs. Ecarts qu’elle sera donc en mesure de combler soit :

  • en proposant une formation spécifique au collaborateur : cette démarche permet à l’entreprise de générer des formations rentables qui complètent ses besoins en compétences. De son côté, le collaborateur a l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences et de s’épanouir davantage au sein de l’organisation, si tant est qu’il ait effectivement envie d’acquérir cette compétence, ce dont l’entreprise doit s’assurer au préalable,
  • en proposant un recrutement externe : les compétences requises pour un poste sont clairement identifiées et définies en amont dans l’outil, ce qui permet d’éviter d’éventuelles erreurs de recrutement.

L’une des grandes tendances à prendre en compte dans ces démarches de gestion des compétences est la notion “d’entreprise étendue” dont nous avons parlé précédemment. La conséquence de cette tendance est que la DRH va devoir non seulement se préoccuper des équipes internes mais également des ressources et compétences externes, comme les freelances par exemple, qui jusqu’à présent étaient majoritairement pris en charge par les départements achats ou les opérationnels. C’est ce qu’on appelle l’”Open Talent”, notion développée par Deloitte notamment. 

Les talents ne sont plus une dépense pour l’entreprise, mais un actif dans lequel il faut investir et qu’il faut mesurer.

La mise en place d’une gestion active et prédictive des compétences invite inévitablement à la mise en place d’un programme de formation à la hauteur des besoins et des enjeux. 

5) Un cadre et une culture de l’apprentissage permanent et de l’amélioration continue

Qui dit transformation continue dit adaptation permanente ! L’entreprise étant soumise à de multiples changements, la DRH doit créer une culture de l’apprentissage permanent et de l’amélioration continue pour, d’une part être constamment en capacité de s’adapter et, d’autre part, d’assurer l’employabilité de ses talents, internes comme externes.  

Autrefois habituée à mettre disposition un parcours de formation descendant, défini et rythmé par la hiérarchie, l’apprentissage fait sa révolution et doit désormais permettre de consommer de façon individualisée des contenus de formation que le collaborateur désire, quand et où il le désire et autant de fois qu’il en éprouve le besoin. 

La nouvelle loi “Pour liberté de choisir son avenir professionnel” (ou loi Pénicaud), entrée en vigueur le 1er janvier 2019 a en cela deux objectifs essentiels affichés :

  • la liberté de décider de son propre avenir professionnel
  • se former et acquérir des compétences quelle que soit sa situation de départ

Les DRH doivent donc désormais mener une stratégie de développement des compétences qui permettent à l’entreprise de répondre à la fois à ses enjeux business et aux aspirations de développement professionnel et personnel des collaborateurs.

Pour cela, le digital est évidemment un incroyable accélérateur : le développement des Moocs, des plateformes de learning, des classes virtuelles, ont permis aux collaborateurs d’accéder à des contenus de formation en dehors de leur temps et espace de travail. 

A noter que dans le contexte d’entreprise étendue, la DRH doit également se préoccuper dès maintenant de sa responsabilité et du financement de ses ressources externes : il ne s’agit plus de faire appel ponctuellement à des ressources externes mais bien de constituer un panel de talents externes dont les compétences vont évoluer au fil des besoins et d’être à leurs yeux “l’employeur le plus attrayant”.

La récolte et l’analyse des données générées par ces outils de développement des compétences et des formations associées seront d’une grande valeur ajoutée pour optimiser ces alignements et opérer le passage d’une entreprise, non plus centrée sur les contenus de formation, mais sur l’expérience apprenant.  

6) Une culture de la data 

Pour prendre des décisions adéquates et en temps réel, il faut que les collaborateurs aient les moyens d’évaluer, de comprendre tout un tas d’informations utiles. Or, toutes les actions vues précédemment sont générateurs de data potentiellement porteuses de valeur ajoutée. L’enjeu ici est donc d’apporter la preuve de la pertinence de ces datas en mettant en oeuvre des actions concrètes d’applications, par exemple :

  1. Un collaborateur, inscrit dans un parcours de formation va consulter des contenus qui n’étaient pas inscrit dans ce parcours. Pour les RH ou le manager, ce peut être le signe d’un intérêt pour le collaborateur d’autres compétences et donc d’un autre métier que celui pour lequel on l’avait destiné mais aussi un signe de départ imminent potentiel.
  1. Les produits connectés (IoT) fournissent en temps réel l’utilisation faite par un client de l’objet en question (temps et fréquence d’utilisation, fonctionnalités les plus ou les moins utilisées, etc.). En donnant accès à ces données au service marketing, il lui sera possible d’envisager les évolutions du produit quasiment en continu en fonction de l’expérience de l’utilisateur. De la même façon, la data récoltée avant qu’un objet ne tombe en panne, permettra non seulement d’identifier les principaux symptômes avant-panne mais également la prédiction des pannes potentielles futures. 
  1. Avoir une visibilité sur les sujets de conversations, les mots clés utilisés au sein des discussions sur le réseau social d’entreprise permettra également de  prendre la mesure des sujets de conversation voire de préoccupation des collaborateurs et d’enclencher des plans d’action associés si besoin, comme une communication spécifique sur un sujet qui questionne par exemple.
  1. Avoir de la data sur les retards de production des usines permettront de prévoir plus finement les raisons, les lieux les plus concernés et d’activer des plans d’actions, humains, techniques et financiers, pour inverser la tendance.
  1. Les datas sur les accidents du travail permettront également de focaliser sur les points chauds, site par site, métiers par métiers et d’engager des actions préventives rapidement pour éviter des arrêts à répétition et surtout des pertes humaines.

On voit à travers ces exemples que les opportunités de la data sont infinies. Si les entreprises commencent à adopter l’analyse des données plus largement, elles seront en meilleure position pour obtenir une vision plus large de ce qui se passe réellement dans l’entreprise.

Les équipes RH doivent donc être moteurs de ce changement culturel en travaillant à l’évolution des compétences de l’entreprise vers des compétences sur les données en vue d’attirer des candidats dotés de cette expertise, en faisant évoluer l’offre de formation, en travaillant à la détection des talents dotés de ces compétences, et en posant la question de l’utilisation des données sur la table des négociations avec les représentants du personnel. L’objectif est d’établir une stratégie commune autour des données pour développer leurs usages tout en les encadrant par des process efficaces avec et au service des métiers, dans le cadre de la RGPD. 

Or, la collaboration entre les différents départements de l’entreprise n’est pas tâche facile et, là aussi, les RH peuvent jouer un rôle de fédérateur entre les multiples intervenants. Sans ce collectif, le projet Data aura peu de chances de répondre pleinement aux objectifs de l’entreprise.

Les nouveaux rôles de la DRH

Une fois digitalisée et libérée d’un certain nombre de contraintes, l’enjeu pour la DRH est de s’extraire d’une représentation trop administrative du métier afin de réinventer un positionnement plus ambitieux, en phase avec sa vocation source, accompagner le capital humain, le protéger et le faire prospérer. 

Et pour cela, elle devra endosser plusieurs rôles :

Garant d’une dynamique collective : entre les nouveaux modes et lieux de travail, l’avènement des modèles d’organisation transversale, la multiplicité des ressources disponibles, internes comme externes, la DRH doit, d’une part, maintenir un socle culturel lié par des valeurs, des pratiques et un sens commun et d’autre part, insuffler une dynamique de la collaboration entre l’ensemble des acteurs de l’entreprise.

Guide et acteur du changement : Parce que la résistance au changement est une caractéristique humaine et que le manque d’accompagnement est la principale cause d’échec des transformations, la DRH soit s’attacher à faire comprendre le sens de la transformation à l’ensemble des équipes. Mais plus encore il doit se transformer elle-même et servir de guide pour les autres métiers sur le chemin du changement.

Partenaire business : pour être au service des métiers et en soutien aux managers dans leur pratiques RH terrain, la DRH doit à la fois comprendre et faciliter les enjeux business en mettant à disposition l’organisation, le cadre, les processus, les dispositifs managériaux et les compétences nécessaires à leur fonctionnement optimal. 

Chef d’orchestre de l’expérience collaborateur : la fonction RH, longtemps cantonnée à des fonctions « régaliennes », doit se concentrer désormais sur la qualité de l’expérience collaborateurs et en orchestrer les différentes étapes. 

Marketeur RH : Le collaborateur devient client et, très logiquement, les techniques marketing s’invitent de plus en plus dans les pratiques RH. S’intéresser à chacun, lui délivrer l’information utile, tout en le reconnaissant dans un collectif utile et porteur de progrès permettra d’engager et de  fidéliser le collaborateur.

Acteur de la performance : Trop souvent considérée comme centre de coût, la DRH doit désormais changer de posture et prouver sa véritable valeur ajoutée dans la performance de l’entreprise, notamment dans les COMEX. S’attaquer aux coûts cachés, fournir les bonnes compétences au bon moment aux métiers, créer le cadre permettant la circulation optimale des savoirs et des innovations, développer la culture de la data, développer l’engagement et le sentiment d’appartenance,  la DRH a de formidables leviers pour améliorer la performance de l’entreprise. 

Garant de l’inclusion sociale : La DRH doit veiller à ce que personne dans l’entreprise ne reste sur le bord de la route dans la transformation, que ce soit par son accès aux compétences ou à l’écosystème d’information de l’entreprise. 

Propulseur de la marque employeur : Par une expérience collaborateur réussie, la DRH crée les conditions d’un engagement et d’une fierté d’appartenance qui favorisent la marque employeur et le rayonnement de l’entreprise à l’extérieur. 

Les nouvelles générations ont des de nouvelles attentes, les talents émergents sont courtisés avant même leur sortie de l’école, obligeant les entreprises traditionnelles à se transformer pour rester attractifs dans un contexte de guerre des talents grandissant.

Enfin, je crois que la clé de la transformation digitale est la coordination des acteurs et des actions entre les différents métiers et services de l’entreprise, pour initialiser le mouvement et accélérer la prise de décision. Il s’agit ainsi de favoriser une prise de conscience partagée et un dialogue transverse. Car ce qu’on veut finalement, c’est bien que tous les acteurs de l’entreprise travaillent ensemble, empruntent la même direction, pour répondre aux attentes client, et partagent leur satisfaction sur leurs réseaux pour faire rayonner l’entreprise.

Le changement de posture des Ressources Humaines au sein d’une organisation sera aussi le fait de la prise de conscience des dirigeants du potentiel de création de valeurs de la DRH. Considérée jusqu’ici comme centre de coûts, la DRH a aujourd’hui l’opportunité, grâce à sa stratégie de transformation et à l’optimisation de l’expérience collaborateurs, de participer à la performance de l’entreprise. Elle devra donc apporter la preuve de cette valeur ajoutée, il sera plus facile ensuite d’obtenir des budgets adaptés auprès du COMEX pour mener à bien cette transformation.

Car ce qui se joue désormais c’est la survie même des entreprises traditionnelles, forcés de s’adapter pour survivre. Or, si les nouvelles technologies bouleversent nos vies, positivement ou négativement selon l’angle de vue de chacun, si elles sont régulièrement la cause d’inquiétudes, elles sont aussi très souvent la solution ! 

L’important désormais est d’embarquer à bord tous les collaborateurs pour que chacun se sente acteur et utile dans la transformation. 

N’hésitez pas à parcourir ma thèse de MBA « La transformation digitale, opportunité pour la DRH de revenir au coeur de la stratégie d’entreprise ? » – 07/2019

Après l’entreprise libérée, le collaborateur libéré ?

Les nouvelles générations arrivent en masse dans nos entreprises, elles seront plus de 75% de la population active d’ici 2025 d’après l’INSEE.

Pour la première fois dans l’histoire, 4 générations de collaborateurs sont amenées à travailler ensemble dans nos entreprises, et même 5 dans des pays comme les USA où le système de retraite n’est pas aussi favorable que le nôtre.

millenials generation Y Z

Or, ces nouvelles générations semblent avoir un rapport avec leur(s) employeur(s) très différentes de leurs aînés. Je mets volontairement un “s” à “employeur” car c’est justement l’un des éléments différenciant de cette génération. Tandis que leurs parents et grands-parents entraient dans une entreprise et y évoluaient au fil des formations et des promotions, attachés et souvent reconnaissants envers leurs employeurs, les générations Y et Z, quant elles, ne semblent pas se projeter à long terme avec le même employeur et sont même les futurs adeptes d’un phénomène qu’on appelle le “slashing”. 

Qu’est-ce que le slashing ?

Le slashing c’est le fait de passer d’un emploi à un autre, de slasher d’un job à un autre. Ce terme désigne les personnes qui ont 2 voire quelques fois 3 jobs en même temps : par exemple être comptable la journée dans une entreprise, coach sportif le soir et le week-end. Ou être technicien dans une usine la journée et DJ ou barmain le soir.. Si le “multi-métiers” peut être parfois subi, il est de plus en plus un choix de vie, source d’épanouissement, de découverte, de progression, notamment auprès des nouvelles générations. En français, on pourrait le traduire en “multi-métiers”.

Qui sont réellement les adeptes du slashing ?

Selon une étude réalisée par l’Institut Opinionway pour Horoquartz, 9 % des travailleurs français actuels déclarent cumuler deux emplois en même temps. Mais ils seraient 29 % à envisager de le faire dans un proche avenir. 

Si les slasheurs semblent être à date majoritairement des collaborateurs à temps partiels, a priori plus liés à une nécessité, les plus jeunes semblent être de plus en plus demandeurs du multi-emplois puisque toujours selon cette étude, 39 % des moins de 30 ans souhaitent cumuler deux activités salariées, contre 30 % des 30/39 ans et seulement 22 % chez les 50/59 ans.  

« Les profils qui sont aujourd’hui les moins concernés par cette situation de slashing sont pourtant les plus demandeurs », constate Thierry Bobineau, Directeur marketing d’Horoquartz. 

Génération Z, tous freelance ?

La génération Z, à savoir celle née après 1997, confirme cette tendance. C’est ce que révèlent les résultats d’une autre enquête réalisée par OpinionWay pour le compte de Mazars, auprès de 1000 jeunes âgés de 15 à 24 ans :

  • La Gen Z reste attachée au travail à temps plein (80%) et au CDI (79%) mais l’écart se creuse par rapport à la Gen Y (-7 points à 86%)
  • La moitié des jeunes de la Gen Z interrogés estime que le CDI a vocation à disparaître au profit du CDD et du travail en freelance
  • Un tiers d’entre eux souhaitent même cumuler 3 emplois voire plus en tant que freelance et un quart l’envisage sous la forme du statut d’auto-entrepreneur. 

S’il existe donc bien une tendance vers plus d’entrepreneuriat, la génération Z semble, pour le moment, encore attachée à une certaine sécurité de l’emploi, tout en affichant des exigences importantes vers plus de flexibilité dans l’organisation du travail : cumul de plusieurs activités, flexibilité des horaires, possibilité de travailler à temps partiel, télétravail, expériences de « vis ma vie », lancement d’initiatives innovantes au sein de leur propre entreprise, etc.

Certaines entreprises ont bien compris que répondre à ces attentes était un très bon moyen, d’une part de renforcer l’engagement et la fidélisation des collaborateurs et, d’autre part, de se démarquer des concurrents en terme d’attractivité des talents. Le nombre d’entreprises « intrapreneuses » a ainsi été multipliées par 4 en 4 ans :

Aucun texte alternatif pour cette image

Dans la même lignée, des entreprises comme Leroy Merlin ont par exemple instauré “la journée de développement” qui permet à l’ensemble des collaborateurs de sortir de l’entreprise pour découvrir d’autres activités, des concurrents, des institutions, des nouvelles  technologies, etc. . Rémunérées et défrayées jusqu’à un certain montant, ces journées font ensuite l’objet d’un partage sur une application dédiée à cet effet afin que toute l’entreprise puisse en bénéficier. La culture du benchmark s’étend dans l’entreprise et l’intelligence collective s’en trouve nourrie.

Selon une étude du Cabinet Deloitte (2017), 37% des entreprises françaises auraient initié une démarche d’intrapreneuriat et 12% des salariés auraient déjà tenté l’expérience. Et parmi eux, 90 % sont prêts à recommencer, preuve que l’aventure leur a été bénéfique puisqu’ils sont 66 % à indiquer que leurs projets ont abouti sur de véritables réalisations ! L’étude révèle également que 74% des salariés interrogés sont prêts à se lancer dans l’intrapreneuriat.

Mais d’autres entreprises vont encore plus loin et s’orientent vers un système plus hybride, sur le modèle des « side-projects », à savoir la réalisation d’un projet créatif qui n’a rien à voir avec votre boulot principal.

Vers un système hybride ?

Si le télétravail et la flexibilité du temps de travail ont nettement évolué ces dernières années, les entreprises “traditionnelles” sont beaucoup moins habituées à certaines pratiques comme le multi-emplois ou le side-projects.

Le cadre légal du travail ne s’y prête d’ailleurs pas naturellement. Entre durée légale du travail, clause de “non concurrence”, interdiction de “double-emploi”, craintes de voir partir le collaborateur, etc., il faut une certaine dose de confiance en ses équipes pour ouvrir le champ du “multi-emploi” à ses salariés.

En cela je trouve intéressante l’initiative de Tilkee. Leur parti pris ? Offrir aux collaborateurs la possibilité de travailler pour d’autres employeurs dans le cadre de missions courtes, ou de disposer de suffisamment de temps pour s’adonner à leurs passions, pour, au final, faire gagner l’entreprise”(1)

Que peut-on attendre de ce type de fonctionnement “hybride” ? 

  1. Le fait de sécuriser le collaborateur par un contrat de travail salarié lui permet d’être plus libre et plus serein dans sa démarche entrepreneuriale 
  2. La confiance et la flexibilité offerte au collaborateur lui permettent de trouver un équilibre entre vie pro et vie perso, entre salariat et entrepreneuriat, et peuvent renforcer son engagement et sa fidélité en l’entreprise : moins de turnover
  3. Une montée en compétences et son partage au sein de l’entreprise principale, alimentant ainsi l’intelligence collective et les initiatives innovantes
  4. L’expérience collaborateur positive alimente la marque employeur de l’entreprise et aide à son attractivité auprès des nouveaux talents  

“De fait, plutôt que d’interdire aux collaborateurs d’avoir une deuxième activité, nous avons préféré ouvrir la porte, persuadés que ce serait une source de motivation et de fidélisation pour nos équipes. Car si on les empêche de construire leur vie au sein de l’entreprise, nombreux seront ceux qui iront la construire ailleurs.(1) – Sylvain Tillon, CEO et co-fondateur de Tilkee

Confiance et éthique, les clés de la réussite

Bien sûr, il ne s’agit pas non plus pour l’entreprise qui met en place ces nouvelles pratiques d’encourager le multi-emplois mais bien de donner les moyens aux collaborateurs qui le souhaitent de s’épanouir en réalisant leurs projets, tout en apportant à l’entreprise une valeur ajoutée, qu’elle soit en terme d’engagement que d’apport de nouvelles compétences.

Basée sur la confiance qui lie les deux parties, ce type de démarche aura malgré tout le maximum de chances de réussir dans un cadre règlementaire et éthique restant à construire.

(1) https://www.maddyness.com/2019/10/23/tilkee-maddyrex-freelance-collaborateurs/

L’impression 3D, quels impacts sur les Ressources Humaines ?

Définition

L’impression 3D est une technique de fabrication dite additive qui procède par ajout de matière, contrairement aux techniques procédant par retrait de matière comme l’usinage. L’impression 3D permet de réaliser des objets usuels, des pièces détachées ou encore des prototypes destinés aux essais. Le point de départ est un fichier informatique représentant l’objet en trois dimensions, décomposé en tranches. Ces informations sont envoyées à une imprimante 3D qui va réaliser la fabrication par ajout de couches successives.

Les usages

Les perspectives d’usage sont énormes car non seulement l’impression 3D va permettre aux entreprises de produire elles-mêmes, en temps réel, leurs propres produits en fonction de la demande réelle des clients, mais elle est en passe de révolutionner certains pans de métiers, comme la maintenance industrielle par exemple. Les entreprises peuvent désormais fabriquer leurs pièces de rechange elles-mêmes, selon les besoins et réduire considérablement les stocks.

Le bureau d’étude conçoit les pièces, crée les fichiers 3D et les transmet à un agent de maintenance qui pourra les fabriquer et les mettre en place. Cet agent doit donc acquérir de nouvelles compétences liées à la compréhension des fichiers 3D et à la fabrication même des pièces.

Le Hype Cycle de Gartner

Le Hype Cycle du Gartner est une courbe d’interprétation de la maturité, de l’adoption, des promesses et des opportunités des technologies émergentes et de la façon dont elles évoluent au fil du temps.

La version ci-dessous montre l’évolution de la technologie d’impression 3D en juillet 2018 dans différentes secteurs d’activités.

Hype cycle Gartner Juillet 2018 – 3D Print

Le marché de l’impression 3D

Le marché de l’impression 3D est d’ailleurs en plein boom et les besoins en ressources vont suivre cette tendance dans les mois et années qui viennent. Les entreprises doivent donc le prendre en compte dans la gestion prévisionnelle de leurs compétences, en particulier dans le domaine industriel.

Dans son rapport de janvier 2019, le Cabinet américain International Data Corporation (IDC), prévoit 13,9 milliards de dollars de dépenses en impression 3D en 2019, soit une progression de 21 % par rapport à 2018.  Cette croissance est avant tout portée par les industriels, dont les dépenses représenteront  95 % du marché. Ils seront à l’origine de plus de la moitié des dépenses durant la période 2018-2022. 

D’ici à 2022, IDC prévoit un taux de croissance annuel moyen de 19 %. La fabrication de pièces et de prototypes  pour l’industrie reste l’application la plus répandue pour la fabrication additive. Mais c’est la bio-impression de tissus, d’organes et d’os qui devrait connaître la plus forte progression, avec un taux annuel moyen de 49,9 % jusqu’en 2022.

L’impression 3D offre également des possibilités incroyables aux PME/PMI de par son accessibilité en termes d’investissement (de 1 000 € à plusieurs dizaines de milliers d’euros selon le modèle et la capacité) et leur offre une formidable opportunité de démarrer des activités de production à petite échelle, à moindre coût et sans faire trop de gaspillage de matières premières. 

Les particuliers aussi !

Les entreprises ne sont pas les seules à s’intéresser à l’impression 3D. Les particuliers, eux aussi, ont un éventail d’usages infini dont l’ampleur grandira au fur et à mesure de la démocratisation de cette technologie et de ses usages.

En attendant, il est déjà possible de faire imprimer un objet 3D en « one shot », très souvent en moins de 48 heures, grâce à des plateformes communautaires à l’instar de Freelabster :

Ou de vous rendre dans des « Fablabs » , ces espaces sociaux dédiés au « faire soi-même », souvent animés par des bricoleurs ou des passionnées de technologies numériques, comme « La fabrique d’objets libres » à Lyon par exemple :

Quels impacts sur les RH ?

Avec l’utilisation de l’impression 3D, s’ouvre un immense champ d’applications, de l’aéronautique à la mode, de l’alimentaire à la santé, en passant par l’architecture ce qui va inévitablement entraîner des bouleversements dans le monde du travail. De nouveaux profils de techniciens et de designers se dessinent et les RH vont devoir faire évoluer les compétences de tout un pans de collaborateurs.

Les besoins de compétences en fabrication additive progressent

D’après l’APEC, le volume d’offres d’emploi publiées demandant des compétences en fabrication additive a progressé de 75 % entre 2015 et 2016. Les enjeux sont importants dans l’industrie en matière de personnalisation, d’innovation produits ou de rapidité de fabrication . Aussi, un tissu d’entreprises spécialisées se développe : fabrication de machines, développement de procédés, conception 3D… Elles recherchent des compétences très techniques en industrialisation, informatique, R&D ou maintenance. En parallèle, un nombre croissant d’entreprises dans différents secteurs industriels (aéronautique, équipement médical, plasturgie…) cherchent à monter en compétences sur la fabrication additive, pour évaluer son intérêt et tester son utilisation. Ces entreprises recherchent essentiellement des ingénieurs R&D (matériaux, conception, procédés…).

Les professionnels de l’impression 3D en France

Source http://www.i-AMdigital.com

Les compétences manquent…

La plateforme emploi Joblift *a étudié les offres d’emploi liées aux imprimantes 3D et à la fabrication additive entre 2016 et 2017 et a observé un marché en forte croissance ayant plus que doublé. Le marché de l’emploi de la fabrication additive est principalement mené par les secteurs de l’industrie (+ 15%), des télécommunications (+ 37%) ou encore des services aux particuliers (+ 13%). Par ailleurs, l’étude révèle que, malgré une croissance importante, les postes pour professionnels en fabrication additive sont encore difficiles à pourvoir, puisque ces offres sont en moyenne 10% plus longues à pourvoir qu les autres offres de ces secteurs;

Si lors du Mind Meld 2018*, un sommet très fermé sur la fabrication additive industrielle, les industriels présents ont montré un véritable enthousiasme sur les opportunités de la fabrication additive, nombre d’entre eux ont également fait part de leur inquiétude quant à l’absence de l’impression 3D dans les cursus de formation des ingénieurs.

L’industrie manque donc de compétences avec un surprenant constat : les jeunes générations nées avec le numérique pensent numérique, mais pas industrie ! L’impression 3D, pour se développer dans l’industrie, doit dépasser ses limites et séduire les concepteurs de demain. Ce qui va imposer une contrainte forte : consacrer une part des investissements évoqués précédemment à la formation.

*Sources 
https://itsocial.fr/innovation/imprimante-3d/fabrication-additive-impression-3d-atteint-maturite-industrielle/  

https://joblift.fr/Presse/impression-3d-deux-fois-plus-doffres-demploi-en-2017-mais-des-postes-toujours-difficiles-pourvoir 

https://www.futura-sciences.com/tech/definitions/imprimante-3d-impression-3d-15137/ 

Les réseaux sociaux, le refuge des monstres ?

Insultes racistes, sexistes ou homophobes, menaces de représailles voire de mort, moqueries, il devient de plus en plus difficile de surfer sur Internet et les réseaux sociaux sans prendre un tir direct ou une balle perdue. Et cela ne touche pas seulement les célébrités, parfois obligées de fermer leur comptes sociaux, cela concerne également le tout un chacun, vous et moi, et même malheureusement, nos enfants. Et cela ne va pas vraiment en s’arrangeant. Quel est l’ampleur du phénomène et peut-on réellement agir ?

Les réseaux sociaux, le refuge des monstres ?

Autrefois, un troll, désignait une “créature poilue, répugnante et agressive issue du folklore scandinave, habitant les montagnes ou les forêts.

Aujourd’hui, c’est comme cela qu’on les appelle, ces individus qui viennent salir votre réputation, diffuser des propos calomnieux, créer de fausses rumeurs et font monter la pression sur les pages facebook des marques, sur vos conversations twitter.

Etat des lieux

S’attaquer à la diffusion des contenus haineux et racistes sur Internet, c’est l’un des axes principaux du plan annoncé le lundi 19 mars 2018 par le premier ministre et recommandé par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH).

Dans son rapport annuel, cette Commission relève que les signalements d’injures et de diffamations ont plus que doublé en 2017. Dans le détail, les injures et diffamations, qui s’adressent directement à une personne, contrairement à la provocation à la haine, ont plus que doublé (+ 108,5 %) en termes de contenus recoupés.

Les femmes et la violence en ligne

73 % des femmes ont déclaré avoir été victimes de violences en ligne.

Pourquoi est-ce si facile ?

Les profils anonymes ou du moins le croit-on….

L’un des arguments souvent avancé est en effet la possibilité offerte aux auteurs de le faire sous anonymat, ces profils “anonymes” qui donnerait à chacun le sentiment de tout pouvoir dire sans craindre quoi que ce soit. En tout cas, le croit-on. Car plusieurs scandales récents nous ont bien prouvé le contraire.

On se rappelle par exemple l’affaire Medhi Maklat en 2017 : ce journaliste âgé à l’époque de 24 ans, idole de la banlieue et des médias branchés, révélé au Bondy Blog, ex-chroniqueur sur France Inter, régulièrement en couverture des magazines culturels, a publié de très nombreux tweets haineux, antisémites sous le pseudo de Marcelin Deschamps alors qu’il avait 18 ans et qui sont donc remontés à la surface plusieurs années plus tard, créant ainsi une polémique et son départ hors de France.

Ou encore la polémique des faux comptes russes Facebook qui influencèrent les dernières campagnes présidentielles françaises et américaines.

Et pendant que certains se cachent derrière des pseudos, d’autres affichent ouvertement leur haine et leur rancoeur , à l’instar de Mathieu Kassovitch qui fin 2017 a déchaîné les foudres des syndicats de Police après ce tweet contre la Police nationale, déclenchant ainsi plusieurs dépôts de plaintes, associatifs et individuels.

Le cyberharcèlement

On distingue plusieurs types de cyber-harcèlement, notamment : menacer une personne, diffuser des photos de personnes sans leur consentement, pirater le compte de quelqu’un et l’utiliser pour harceler d’autres personnes, dévoiler des informations personnelles sans consentement comme des SMS privés, créer des sites web malveillants, des faux profils, etc.

Les chiffres sur le cyber-harcèlement issus de l’étude IFOP réalisée par France Info en février 2019 font froid dans le dos ! Sur les réseaux sociaux, 22 % de jeunes Français ont déjà été victimes de cyber-harcèlement. Les chiffres 2017 sur le harcèlement scolaire portait à 61 % le nombre d’élèves harcelés qui ont des envies suicidaires. Et certains passent aux actes, comme cette jeune fille de 11 ans qui a mis fin à ses jours en juin 2019 comme le relate cet article du Figaro .

Le hyber-harcèlement s’est tellement développé ces dernières années qu’il possède son propre numéro d’écoute pour les victimes : 0800 200 000

L’apologie du terrorisme

Quelques chiffres

La plateforme Pharos enregistre les signalements des internautes pour dénoncer un crime ou un délit repéré sur Internet. En 2017, la plateforme a enregistré 153.586 signalements, dans la majorité des cas pour des escroqueries.

5.110 demandes de retrait de contenus, dont 93% concernant des contenus à caractère terroriste, ont été enregistrées en 2017, contre 2.561 en 2016, soit plus de 1270 % d’augmentation essentiellement due au renforcement du nombre d’enquêteurs.

Les acteurs

Internet et les réseaux sociaux sont devenus les terrains privilégiés des terroristes qui y diffusent leurs contenus de propagande.

La lutte contre ces prises de paroles s’est organisée autour de plusieurs acteurs :

– L’office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) du ministère de l’Intérieur

– Les acteurs d’internet qui restent, et de loin, les premiers artisans de la lutte contre la propagande terroriste, les gouvernements n’étant à l’origine que de 0,2% des suppressions de comptes. Twitter a annoncé avoir supprimé, entre août 2015 et décembre 2017, plus de 1,2 million de comptes pour apologie du terrorisme.

– La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) contrôle, quant à elle, les mesures de retrait, blocage ou déréférencement décidées par la police mais crie régulièrement au manque de moyen à leur disposition face à l’ampleur du phénomène.

Autre acteur, l’Europe s’est dotée en 2015 d’une nouvelle unité, l’Internet Referral Unit (IRU) pour signaler les contenus de nature terroriste aux entreprises du numérique, dans le cadre de la mission de prévention.

Comment s’en protéger, préserver nos enfants ?

La prévention reste un des grands moyens pour se préserver du cyber-hacerlementa avec des précautions du type :

  • Faire attention à ce que l’on publie en ligne sur les réseaux sociaux. Ne pas trop livrer d’informations personnelles qui pourraient servir les sombres desseins des cyber-harceleurs.
  • Sur les réseaux sociaux, ne jamais mettre en ligne de photos indiquant sa localisation ou les lieux dans lesquels l’on se rend régulièrement
  • Utiliser des mots de passe uniques forts et un système d’authentification multi facteurs pour compliquer la tâche de ceux qui tenteraient de mettre la main sur ses informations personnelles.
  • Passer soigneusement en revue les paramètres de confidentialité de tous ses comptes sur les réseaux sociaux pour vérifier que ses informations restent protégées.
  • Utiliser un VPN pour protéger ses informations personnelles et préserver son anonymat en ligne.

À notre époque, il est indispensable de former nos enfants et même les adultes sur le cyber-harcèlement et ses conséquences dramatiques et de mettre en œuvre les stratégies suggérées plus haut pour limiter les risques.

De nombreuses initiatives ont également vu le jour pour tenter de rendre plus vivable et plus responsables les comportements en ligne comme le Safer Internet Day, événement mondial annuel organisé par le réseau européen Insafe au mois de février pour promouvoir un Internet meilleur auprès des jeunes, leurs parents et la communauté éducative et encourager les comportements responsables en ligne.

Les sanctions

Comme dans la vraie vie, le droitfait une distinction entre ce qui est dit dans un espace privé ou public ; aussi, selon que vous diffusiez une insulte en ligne sur un profil, une page ou un groupe privé ou publique n’a pas du tout les mêmes conséquences.

Et si les moqueries, comme celles dont a été par exemple victime Lizzie Velasquez relèvent plutôt de la morale, les propos haineux, eux, relèvent de la justice.

Il faut donc faire très attention aux messages publiés sur les réseaux sociaux car les instances ont désormais une batterie de mesures pour sanctionner les mauvais comportements. Plus grave et il faut que les auteurs le sachent, si les propos sont diffamatoires, à savoir qu’ils portent atteinte à l’honneur et à la dignité d’une personne physique ou morale, la victime peut déposer plainte dans les trois mois qui suivent les faits. Si le parquet poursuit, l’auteur encourt, en vertu de la loi du 29 juillet 1881, jusqu’à 12 000 € d’amende, puisque cette infraction est un délit.

En France, l’injure ou la provocation à la haine raciale est passible d’un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, y compris lorsqu’il s’agit de publications sur internet. En mars 2015, par exemple, deux internautes de SudOuest.fr ont été respectivement condamnés à 100 et 1 000 euros d’amende pour injure et diffamation publique.

Alors, ignorance ou bêtise ?

Sûrement des deux ! On l’a vu sur les exemples précédents, qu’on soit écrivain ou réalisateur reconnu ou simple anonyme, ce type de comportement est souvent dicté soit par un manque d’éducation, soit par un besoin de reconnaissance ultime, en tout cas d’une bêtise certaine ! Mais bien souvent, les internautes ne se rendent pas compte à quel point les réseaux sociaux sont perméables et les contenus qu’ils publient largement visibles.

Bref, pour les auteurs de ces mauvais comportements, réfléchir avant d’écrire. Et surtout, pendant deux secondes, penser un peu aux autres et pas seulement à soi-même !

Les nouvelles technologies et leurs impacts sur le monde du travail

Depuis le 18ème siècle, nous avons vécu plusieurs révolutions technologiques successives qui ont, depuis, plongé dans l’oubli de nombreux savoir-faire et métiers. Parallèlement ces mêmes innovations ont bien sûr donné naissance à de nouveaux métiers (community manager, data scientist, etc) et à de nouveaux marchés (transport aérien, téléphonie mobile, etc.).

Figure 1 – Les différentes révolutions industrielles – source @Visiativ

À chaque fois qu’émerge une innovation technologique, les craintes quant aux conséquences qu’elle pourrait avoir sur le travail et l’emploi resurgissent. Ce fut le cas avec les premières machines, le développement de l’informatique, les premières automatisations ou la robotique. Le questionnement est à nouveau présent aujourd’hui avec le big data, l’intelligence artificielle ou encore la blockchain.

Mais ce qui a réellement changé c’est le rythme d’apparition de ces technologies et leur capacité à atteindre un niveau important d’appropriation des utilisateurs beaucoup plus rapidement. En effet, alors qu’il a fallu 75 ans au téléphone pour atteindre 50 millions d’utilisateurs, il n’en a fallu que 7 ans à Internet et 19 jours à l’application Pokemon Go pour atteindre ce même niveau, comme l’illustre le schéma ci-après.

Figure 2 – Combien de temps a-t-il fallu aux technologies pour atteindre 50 millions d’utilisateurs ? @Pixiolabs

Impacts des technologies sur le monde du travail

Toutes ces technologies ont évidemment des impacts sur les organisations, les hommes, l’emploi, les compétences, l’employabilité des collaborateurs. Le champ des possibles s’élargit à mesure que les usages, permis par ces technologies, voire même par l’association de ces technologies, se développent et sont acceptés par les collaborateurs et les clients.

Impacts sur l’emploi

Même si les chiffres diffèrent quelque peu selon les organismes d’étude, les experts s’accordent à dire que cette révolution numérique aura un effet profond sur la main-d’œuvre mondiale. Toutefois, les perspectives sont plutôt positives d’après l’étude “The Future of job reports 2018” du Forum Economique Mondial, qui prévoit un solde positif de 58 millions d’emplois d’ici 2022 :

Figure 3 – Etude « The Future of jobs 2018 » du Forum Economique Mondial

En effet, si près de 50 % des entreprises prévoient d’ici 2022 une diminution de leur effectif à temps plein du fait de l’automatisation, 38% des entreprises interrogées s’attendent, au contraire, à étendre leur main-d’œuvre à travers de nouveaux rôles/métiers.

L’enjeu crucial désormais consiste à adapter ses compétences afin de se familiariser avec ce nouvel environnement numérique.

Les ressources humaines doivent donc d’ores et déjà, et constamment, se préoccuper de :

● la définition des nouvelles compétences requises, techniques comme comportementales,
● l’attraction de l’entreprise pour ces nouvelles compétences
● la formation voire la reconversion des équipes en place.

Impacts sur les compétences et l’employabilité

Le dernier rapport “The future of jobs 2018” du World Economic Forum (WEF) fait le constat suivant :

● 35% des compétences seront obsolètes d’ici à 2022.
● 54 % des employés des grandes entreprises auraient ainsi besoin d’une reconversion importante afin de tirer pleinement parti des possibilités de croissance offertes par la quatrième révolution industrielle :
– 35% devraient nécessiter des formations pouvant durer jusqu’à six mois,
– 9% une requalification d’une durée de six à douze mois,
– 10% une formation supplémentaire de plus d’un an.

Pour ce qui concerne l’accompagnement des compétences, 2/3 des salariés s’en considèrent responsables à titre individuel. Ils attendent malgré tout de leur employeur qu’il soit force de propositions pour organiser et animer des formations.

Les compétences en nouvelles technologies ne sont qu’une partie de l’équation

En effet, si beaucoup de compétences techniques sont duplicables par les machines, il n’en est (en tout cas aujourd’hui) pas de même pour les compétences comportementales ; ces dernières, difficilement remplaçables et imitables, sont en effet appelées à constituer un avantage compétitif au centre de la stratégie de toute entreprise. Ces compétences, appelées “soft skills”, prennent la part large des 10 compétences qui seront les plus demandées d’ici 2022, d’après l’étude du WEF ; il nous présente sa vision de l’évolution de ces compétences d’ici 2022 en Europe :

Figure 4 – Comparing skills demand 2018 vs 2022 (Top 10) – Future of jobs 2018 – @FME

Cela peut paraître paradoxal, mais ce qui émerge déjà ici est que les qualités comportementales et donc humaines sont au centre de la transformation digitale et de sa réussite, les enjeux dépassant largement le simple déploiement de nouvelles technologies.

En effet, toute entreprise sera en capacité d’acquérir des technologies. Ce qui fera la différence, ce sont ses hommes et ses femmes.

“Sur le long terme, la croissance d’une organisation ne dépend que d’un seul facteur, le capital humain”. Larry Page


L’enjeu pour la DRH va donc être d’être en mesure de :
● Identifier, quantifier et donc anticiper les compétences nécessaires à la poursuite et à la performance des activités de l’entreprise
● Repérer dans ses effectifs les collaborateurs possédant ces compétences ou ceux qui sont en capacité d’évoluer vers ces nouvelles compétences
● Mettre en place les parcours de formation et d’accompagnement des talents repérés en internes
● A défaut de compétences internes, repérer, attirer et recruter les talents externes nécessaires

Les entreprises ont donc le choix, pour combler les lacunes dans les compétences élargies par l’adoption de nouvelles technologies :
● Recruter du personnel permanent entièrement nouveau possédant ces compétences
● Faire évoluer ou reconvertir les collaborateurs existants
● Faire appel à des experts externes de façon ponctuelle

Toujours d’après le WEF, la probabilité d’embaucher du nouveau personnel permanent possédant les compétences requises est près de deux fois supérieure à la probabilité de licenciement stratégique du personnel en retard dans l’adoption de nouvelles compétences. Cependant, près du quart des entreprises sont indécises ou peu susceptibles de reconvertir leurs collaborateurs, et les deux tiers attendent que leurs employés s’adaptent et se perfectionnent au fil de l’évolution de leurs emplois. Et ça tombe bien car d’après Le Boston Consulting Group, 65 % des salariés français (contre 59 % en global) s’en considèrent responsables à titre individuel.

Malgré tout, ils attendent de leur employeur qu’il soit force de propositions pour organiser et animer des formations car ils ne savent pas toujours comment s’orienter ou s’organiser :

● 65% des salariés français s’attendent à ce que les employeurs proposent des sessions de formation (contre 59% dans le monde)
● 26% des Français (contre 16% à l’échelle mondiale) ne connaissent pas encore leurs besoins en formation

On commence à approcher ici la nécessité pour les DRH d’accompagner leurs collaborateurs dans le changement.

Enfin, entre la moitié et les deux tiers des DRH sont susceptibles de faire appel à des contractants externes, des agents temporaires pour combler leurs lacunes en matière de compétences. Le recours aux ressources externes tend ainsi à effacer, en tout cas à élargir les frontières de l’entreprise et à ne plus raisonner comme étant une entité fermée, mais bien une entité ouverte, à l’écoute et en interaction constante avec son environnement.

Car en sus du recours aux ressources humaines externes que ce soit sur une longue ou une courte période, les entreprises doivent non seulement apprendre à s’ouvrir mais également à créer le cadre qui permettra à cette intégration de se faire de façon optimale et d’apporter une réelle valeur ajoutée à l’entreprise : On parle désormais de concept “ d’entreprise étendue”

Toutes ces tendances obligent les entreprises à faire évoluer leurs organisations et il semble effectivement cohérent dans ce contexte que les entreprises souhaitent s’entourer de professionnels capables d’anticiper et d’accompagner ces changements sur le plan humain et organisationnel.

Impacts sur la communication

Lorsque Le Cabinet Deloitte dit qu’une entreprise agile “ se nourrit de la richesse de ses collaborateurs et de son patrimoine informationnel la richesse de son patrimoine informationnel”, on se rend compte à quel point les entreprises historiques ne sont pas adaptées. En effet, une des principales sources de pouvoir de la hiérarchie avant l’avènement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) était le contrôle de l’information. Celle-là même dont nous aurions besoin qu’elle circule plus librement.

Or, en contrôlant la diffusion de l’information, la hiérarchie en empêche la circulation et freine le développement de(s) :
● L’économie du savoir
● Les initiatives
● L’expérimentation

D’un manager « facteur » au « manager coach »

En libéralisant l’accès et la circulation des informations pour tous, le digital a profondément bouleversé le rapport au management. Car cette liberté offerte de s’exprimer directement peut être vécue comme une véritable révolution par le management : l’information, la communication ne sont plus « top-down” mais également “bottom-up” et les managers ne sont donc plus le “passage obligé” de l’information.

Impact sur les organisations

Aujourd’hui, les ressources humaines doivent donc imaginer l’organisation du futur. Les nouvelles modalités d’organisation du travail devront se faire dans le temps et dans l’espace et prendre en compte, dans un cadre réglementaire, lui aussi à réinventer :

● la multiplicité et la diversité des ressources internes et externes
● l’élargissement de son réseau relationnel et des interactions que cela induit, notamment avec l’extérieur.

Dans son rapport RH 7.0, l’Association Nationale des Directeurs de Ressources Humaines (ANDRH) développe une notion qui me parait bien décrire l’avenir du DRH et son rôle de pilotage dans une organisation que l’on nomme “entreprise étendue”, à savoir un rôle de “Gouvernance des Personnes et des Organisations” (GPO)


Digital branchitude : les influenceurs

S’il est bien un métier que le digital a créé, c’est Youtuber ! Si les influenceurs existaient déjà dans “l’ancien monde”, le digital a permis à de simples inconnus de devenir célèbres en postant quelques vidéos ! Et quoi de plus “branché” que de posséder le dernier Iphone quitte à faire le sitting devant un magasin toute la nuit pour être le premier à le posséder et à l’utiliser ! Etre connecté, est-ce forcément être branché ?

Le Larousse définit la branchitude de cette façon : “ Caractère de ce qui est branché, à la pointe de la mode ; ensemble des personnes branchées”.

Et “être branché”, c’est faire partie des gens au courant, des milieux dans le vent, c’est acheter et/ou porter des produits à la mode. Et par voie de conséquences, avoir un pouvoir d’influence, volontaire ou pas, sur son entourage personnel ou professionnel, prêt à suivre vos conseils, voire à adopter des comportements de mimétisme total.

Les influenceurs

Digimind propose plusieurs typologies d’influenceurs pour une marque :

Ces influenceurs sont également catégorisables à mon sens par “cible”, par “objectif” : les influenceurs “Grand public” et les influenceurs “professionnels”, parmi lesquels on retrouvera ces différentes typologies.

Les influenceurs “Grand public”

Les stars, personnalités, célébrités

Ils bénéficient déjà d’une notoriété dans la “vraie vie”, artiste de la chanson, sportif célèbre, acteur(trice) et utilisent le digital et notamment les réseaux sociaux pour prolonger leur relation avec leur public à tout moment de la journée, partout où ils se trouvent, et renforcer ainsi leur influence. Devenus les rois et reines d’Instagram, Facebook ou encore Twitter, le moindre de leurs gestes est suivi par des millions de fans qui s’empressent d’acheter la dernière casquette portée ou la première marque de cosmétique testée par leur idole.

Les stars les plus influentes en janvier 2018 [1]  :

  1. Cristiano Ronaldo

2. Justin Bieber

3.Taylor Swift

Les nano influenceurs

Les nano-influenceurs sont des personnes qui aiment une marque, un produit, une cause, un événement, et qui partagent leur avis avec leur entourage pour les éclairer, sans contrepartie financière. Mais parce qu’ils partagent des contenus, des coups de coeur, leurs découvertes et donnent leurs avis sur les réseaux sociaux, les sites de marques, ces « Monsieur et Madame Tout-le-Monde » sont des influenceurs à part entière ! Ce qui fait la force de ces nano-influenceurs, ce sont leur authenticité, leur capacité à partager leurs avis en toute transparence pour aiguiller les autres consommateurs dans leurs choix.

Une étude de juin 2018 menée par LK Conseil montre d’ailleurs que les deux leviers principaux de l’acte d’achat chez les français sont la recommandation de l’entourage et les commentaires et avis donnés par les internautes.  Les marques ne peuvent donc pas ignorer ce phénomène et doivent fournir à ces internautes la capacité de s’exprimer et donc d’amplifier leurs voix.

D’inconnu(s) à “illustre(s) inconnu(s)”, il n’y parfois qu’une vidéo ….

Parfois, certains de ces “Monsieur Tout le Monde” deviennent “d’Illustres inconnus” ; et ce ne sont pas Cyprien et Norman qui nous diront le contraire !

Totalement inconnu en 2009 et passionné de vidéos amateur, Cyprien a commencé par poster des vidéos sur Daily Motion puis sur Youtube et totalise désormais près de 13 millions d’abonnés sur sa chaîne Youtube et 4,5 millions de fans sur Facebook. Déja 10 ans et pourtant le phénomène ne semble pas s’essouffler puisqu’un autre youtuber, Squeezie, est en passe de dépasser Cyprien en terme d’audience.

Norman ©PHOTOPQR/LE PARISIEN ; © PHOTO / LE PARISIEN / FREDERIC DUGIT

Les influenceurs, de + en + jeunes

L’étude Reech 2018 [2] nous montre que l’âge moyen d’un influenceur est très jeune et d’ailleurs de plus en plus jeune ; en effet, les influenceurs dans la tranche 12-18 ans ont quasiment doublé et sont passés de 9% à 17,4% entre 2017 et 2018 tandis que ceux de la tranche des 19-25 ans est quant à elle passée de 26% à 31,7%. La moitié des influenceurs a donc moins de 30 ans !

A l’image de Swan et Néo, respectivement 12 et 6 ans, dont la chaîne Youtube, lancée en 2015 par leur maman Sophie, réunit plus de 2,5 millions d’abonnés, plus de deux milliards de vues, ce qui en fait désormais la première chaîne française destinée aux enfants ; en effet, la chaîne Youtube est devenue le media préféré des 3-9 ans, loin devant la télévision. Entre tests de jouets, de marques de nourriture, d’ouverture de nouvelles attractions, ces enfants stars sont devenus pour les marques de véritables enjeux publicitaires car, outre leur audience qui ne cesse de croître, ils citent bien sûr systématiquement la marque ou le distributeur des produits qu’il mettent en avant sur leurs vidéos

Les influenceurs et les marques

Toujours selon cette étude, la moitié des influenceurs sont contactés par les Marques lors de leurs 6 premiers mois d’activité. C’est dire si ces nouveaux prescripteurs ont de l’importance pour les entreprises ! Il sont d’ailleurs contactés et démarchés très régulièrement par elles comme le montre le schéma ci-dessous :

Et pour cause, l’un des principaux avantages des influenceurs pour une Marque et que ses prospects s’identifient fortement à l’influenceur, avec qui ils entretiennent une forte connexion émotionnelle. Ils ont donc confiance en lui et cette connexion émotionnelle entre l’influenceur et son audience peut naturellement s’étendre jusqu’à la Marque qu’ils représentent. 

Et l’enjeu pour les Marques est de taille puisque 92% des consommateurs se disent plus réceptifs aux messages des influenceurs qu’à ceux de la publicité traditionnelle !

Les influenceurs “professionnels”

Ils ont une expertise forte dans un domaine professionnel et sont considérés comme des référents par leurs pairs. Leur influence passe par la qualité et la richesse des contenus partagés (articles de blog, infographies, vidéos, livres blancs, etc.), leurs avis sont suivis, très commentés, parfois bien sûr critiqués ou contredits mais ils ont pignon sur rue. Cette notoriété en ligne leur permet d’être invités dans des émissions, des tables rondes, des colloques spécialisés et donc d’accroître leur visibilité.

En plus d’être des experts dans leur domaine professionnel, ils sont devenus des experts des outils digitaux et savent les utiliser pour augmenter leur audience.

Les influenceurs ont même leurs propres podium !

Le magazine “Time” publie depuis 4 ans son classement des 25 personnalités les plus influentes d’Internet. L’influence est calculée selon l’impact mondial de ses membres sur les réseaux sociaux. Le calcul tient également compte de la capacité des influenceurs à faire l’actualité. En tête de ce classement en juin 2018, on retrouvait le TOP 3 : Kanye West, Donald J. Trump et Rihanna.

Les réseaux sociaux, quant à eux, mettent en avant leurs propres influenceurs. LinkedIn, par exemple, affichait fièrement en novembre 2018 son “Top voices 2018”*, le Top 10 plus gros influenceurs LinkedIn en France ont voici la liste :

  1. Michel-Edouard Leclerc, Président de E.Leclerc
  2. Emmanuel Faber, Chairman & CEO de Danone
  3. Isabelle Kocher, Directrice Générale d’Engie
  4. Emmanuel Macron, Président de la République française
  5. Frédéric Oudéa, Directeur général de la Société Générale
  6. Laurence Paganini, Directrice Générale de Kaporal
  7. Anne-Sophie Pic, Cheffe triplement étoilée de la Maison Pic
  8. Bertrand Piccard, Pilote et fondateur de Solar Impulse
  9. Frédéric Mazzella, Président-fondateur de BlaBlaCar
  10. Clara Gaymard, Co-fondatrice du fonds Raise France

La société MakeMeStats publie également son classement d’influence twitter des CDx (Chief digital) chaque mois dans lequel nous retrouvons avec fierté le fondateur de notre #MBADMB Vincent Montet 😉

Youtube possède également son classement des 15 plus gros youtubers au monde

La dernière technologie je possèderai…branché je serai….

Certaines personnes veulent constamment posséder la dernière nouveauté technologique, celle dont tout le monde parle, a priori pour être en harmonie avec le monde qui nous entoure et paraître “branché”, “geek”.

Apple joue d’ailleurs largement sur cet aspect et a toujours présenté ses produits comme des objets appartenant à l’univers de la mode autant qu’à l’univers des technologies, en jouant sur son apparence, ses couleurs, ses accessoires, etc. Vous ne faites pas qu’utilisez un Iphone, vous le portez ! Et si vous le portez alors vous vous êtes (ou pensez être) “branché” !

La folie de l’iphone

En novembre 2017, pour la sortie de l’Iphone X, des milliers de fans ont passé la nuit dans le monde entier devant leur boutique Apple pour être les premiers à l’acheter. S’ils sont généralement fans de la Marque, ils font partie de ce qu’on définit comme des “early adopter”. Cette expression anglo-saxonne est utilisée pour désigner les individus les plus prompts à adopter une nouvelle technologie ou une innovation. Sans être réellement prescripteurs, ils peuvent permettent de faciliter le lancement d’un nouveau produit de par la consommation / l’utilisation du produit ou du service dès les premiers jours de sa commercialisation. On revient ici sur la notion d’influenceur vue plus haut dans l’article.

Source :  https://www.huffingtonpost.fr/2017/11/03/autour-du-monde-les-fans-dapple-ont-passe-la-nuit-a-attendre-la-sortie-de-liphone-x_a_23265356/

Certains d’entre eux sont d’ailleurs de véritables influenceurs car s’ils se ruent sur ces nouvelles technologies c’est souvent également pour rédiger des articles, des posts destinés à leur communauté sur leurs blogs et leurs réseaux sociaux.

Mais si certains considèrent qu’être connecté, c’est être branché, d’autres voix s’élèvent pour affirmer le contraire et revendiquent justement que savoir déconnecter est la dernière tendance !

Deviendra t’il branché d’être déconnecté ?

Il s’agit en effet d’un sujet en développement dans les entreprises avec des notions comme le « stress numérique », la « surcharge informationnelle », le brouillage des frontières entre vie privée et vie professionnelle mais également dans la vie privée avec les débats sur les effets de la surconnexion sur le cerveau humain, en particulier sur les jeunes générations (cf. mon précédent article sur la “Digital assuétude”). Le droit de déconnexion pour les collaborateurs et même le devoir de déconnexion pour les enfants semblent donc s’installer dans les débats.

De plus en plus de gens s’obligent à des périodes de déconnexion volontaires l’été, en dehors des horaires de travail, lors d’activités précises et semblent ressentir une certaine fierté dans cet exercice et il semble que cette déconnexion soit en progression si on en juge l’étude réalisée en juin 2017 par Statista [3]

[1] (source : https://sympa-sympa.com/admiracion-celebrites/les-10-personnes-les-plus-influentes-des-reseaux-sociaux-ont-ete-nommees-et-il-y-a-beaucoup-de-surprises-321410/ )

[2] https://www.journalducm.com/etude-influenceurs-2018/

[3] https://fr.statista.com/infographie/10560/digital-detox-_-qui-sait-profiter-de-ses-vacances/